Parent hélicoptère 2.0

Les avancées technologiques permettent aux parents de devenir les témoins de la vie personnelle et extra-familiale de leurs enfants. Une intrusion dans l’intimité qui questionne.
Le téléphone portable est-il un outil facilitant l’autonomie ou un « fil à la patte » ? Tout en prônant l’émancipation et la liberté, les adultes ont de plus en plus tendance à exercer un contrôle permanent sur la vie de leurs enfants : où sont-ils ? Que font-ils ? Qui voient-ils ?...
Média secondaire

Le climat anxiogène généré par la reprise en boucle dans les médias du moindre fait divers n’est sans doute pas étranger à cette surveillance accrue des parents. Mais être dans la situation d’avoir un regard permanent sur ses enfants et sur leur vie par souci de sécurité a parfois tendance à dériver vers une forme d’addiction à la surveillance rendant difficile la séparation. De plus en plus de structures d’accueil mettent en place des réseaux de webcams sécurisées et « sécurisantes ». Aussi paradoxal que cela puisse paraître, des adultes qui fustigent pourtant les écrans et les considèrent comme addictifs et dangereux pour le développement ont du mal à se détacher de leur téléphone ou de leur tablette qui leur permettent de voir leur enfant gardé à la maison, accueilli à la crèche, en séjour de vacances…. Dans son livre Growing Up in Public, Devorah Heitner évoque des enfants qui « ont la pression d’être visibles tout le temps. »

La tendance sociétale est à l’hyper transparence dans l’information et à l’immédiateté de la réaction. La dérive d’une volonté de contrôle permanent de certains adultes sur leur progéniture n’est toutefois pas récente. L’image du « parent hélicoptère » volant au-dessus de son enfant afin de prévenir les risques, souvent employée pour représenter la situation actuelle, prend son origine dans un ouvrage de 1969, Between Parent and Teenager. Le psychologue Haim Ginott y relate les mots d’un adolescent surprotégé : « Ma mère plane au-dessus de moi comme un hélicoptère ». Et bien avant les réseaux sociaux, les adultes s’occupant d’enfants étaient questionnés par des parents qui voulaient être au courant au quotidien des moindres événements. 

Pourtant, vivre des moments sans le regard des adultes, c’est pour l’enfant l’occasion d’oser, d’imaginer, de rêver, de partager avec d’autres ou de se retrouver face à lui-même. Un pas de côté et un apprentissage de l’émancipation, de la capacité à gérer le rapport à l’autre dans la construction d’une réflexion propre. 

Alors si nous laissions aux enfants le droit de cultiver un jardin secret ?

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