Santé mentale : nette aggravation chez les jeunes adultes et enfants selon une étude du HCFEA

Dans un rapport de mars 2023, le Haut conseil de la famille, de l’enfant et de l’âge (HCFEA), constate une aggravation de la santé mentale des enfants, des adolescents et des jeunes adultes sur les cinq dernières années.
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Un jeune sur quatre âgé de 15 à 24 ans a déclaré se sentir souvent déprimé ou désintéressé. Dans la consultation réalisée en 2021 par Unicef France, citée dans le rapport du HCFEA, 53,3% des répondants âgés de 6 à 18 ans indiquent n’avoir plus goût à rien et 64,2% disent perdre confiance en eux. Le nombre d’admissions des moins de 15 ans à l’hôpital Robert Debré (Paris) pour tentative de suicide a augmenté de 299% entre juillet-août 2019 et mars-avril 2021, la pandémie et le confinement étant passés par là. Entre 2014 et 2021, la consommation de psychotropes chez l’enfant et l’adolescent a elle aussi augmenté. « La prévalence de consommation en population pédiatrique, pour l’année 2021, a augmenté de +16% pour les anxiolytiques, de +224% pour les hypnotiques, de +23% pour les antidépresseurs et de +7,5% pour les antipsychotiques. » (HCFEA, mars 2023). Pour autant, les délais d’attente pour accueillir enfants et familles pour des consultations pédiatriques, pédopsychiatriques et médico-sociales sont de 6 à 18 mois selon le HCFEA qui défend « l’urgence de moyens suffisants dédiés aux approches pédopsychiatriques de proximité et pluridisciplinaires, et aux offres psychothérapeutiques, éducatives et sociales. »

Des solutions médicamenteuses pas toujours efficaces

« La très nette augmentation des demandes, corrélée à des troubles de plus en plus intenses en termes de symptômes, et de leurs conséquences ajoute à la crise des équipes et des institutions une exigence de réponses que signalent les points de rupture dans et hors de la pédopsychiatrie », peut-on lire en introduction du dossier « Qui veut détruire la pédopsychiatrie ? » publié dans VST n°156. Les pratiques médicamenteuses, notamment, ne peuvent tenir lieu de panacée quand « la question du soin des troubles de développement de l’enfance, des souffrances de l’enfance devient une question éminemment politique », comme le soulignent Dominique Besnard, Carine Maraquin et Jean-Pierre Martin, co-auteurs de l’introduction du dossier. « Aujourd’hui, quand on a mal à l’âme, on vous donne un médicament pour soulager la douleur car on n’a plus le droit d’être triste, d’être fatigué... », explique la psychologue Michèle Nehaïm sur le site de ressources Yapaka. « À chaque mouvement qui ne va pas dans la ligne droite de l’injonction, il y a sa solution, une solution médicamenteuse parce qu’elle apporte une réponse dans l’urgence, parce qu’elle colmate, mais ne règle rien... ». Parfois nécessaires, les médicaments ne peuvent remplacer la parole, la relation thérapeutique et éducative.

Michel Rebourg