Le sexisme en chiffres pour comprendre et agir

« Loin de reculer, le sexisme s’ancre, voire progresse » affirme le Haut conseil à l'égalité dans son dernier rapport annuel, publié en janvier 2024. Un état des lieux nécessaire et contre intuitif à bien des égards.
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23 % des hommes de 25 – 34 ans considèrent qu’il faut parfois être violent pour se faire respecter.

 

Le taux de féminicide en France a augmenté de plus de 20% en 2023, comparé à 2022. Ce chiffre, qui fait froid dans le dos, est révélé par le dernier rapport du Haut conseil à l’égalité entre les hommes et les femmes (HCE), publié en janvier 2024. Alors qu’on pourrait espérer quelques progrès après les mouvements #MeToo et #BalanceTonPorc, les pratiques sexistes entraînant des crimes comme ces féminicides, demeurent. Ainsi, 23% des hommes dans la tranche de 25 – 34 ans considèrent « qu’il faut parfois être violent pour se faire respecter », peut-on le lire dans le même rapport. Mais ces stéréotypes sexistes ne proviennent pas uniquement de la gente masculine, constate également le Haut conseil.

Le sexisme aussi propagé par les femmes

58% des femmes de 25 à 34 ans considèrent qu’une femme doit faire passer sa famille avant sa carrière, contre 46% tous âges et sexes confondus. Tandis que 8 femmes sur 10 ont le sentiment d’avoir été moins bien traitées en raison de leur sexe. Derrière ces chiffres, se cache un paradoxe où les femmes elles-mêmes participent à véhiculer les raisonnements sexistes, dont elles sont pourtant fortement victimes. Ainsi, 34% des femmes en 2023 approuvent le fait qu'il « est normal que les femmes arrêtent de travailler pour s’occuper de leurs enfants ». Une affirmation qui a progressé de 7 points par rapport à 2022.  Le rapport du HCE décrit un « décalage entre la prise de conscience et le maintien des stéréotypes qui continuent de forger les mentalités et les comportements ». 

Les éventuelles portes de sortie

Une augmentation de 77% des plaintes sur les violences basées sur le genre, a été enregistrée entre 2017 et 2022. « Il y a donc bien une libération de la parole chez les femmes qui subissent ces violences » , analyse Fanny Gallot dans une interview accordée à la rédaction de Vers l’Education Nouvelle. Pourtant, complète-t-elle, ces plaintes ne correspondent qu’à 12% des victimes, selon les estimations. Elle propose pour « réagir à ces propos sexistes, d’offrir d’autres représentations du genre ». Dans le sens, le HCE suggère « d’agir en adoptant un plan d’urgence comme le demande l’opinion publique : éduquer, réguler, sanctionner ». Pourtant, le chemin semble encore long et un travail de conviction reste à faire puisque « 6% de la population seulement, fait confiance aux structures scolaires, pour prévenir les actes et les violences sexistes », toujours selon le HCE. Car si depuis 2001, trois séances par an doivent être consacrées à l’éducation affective et sexuelle au collège et au lycée, de nombreuses enquêtes montrent que ce n’est majoritairement pas le cas. En cause l’absence d’une réelle formation des personnels de l’Éducation nationale et une opinion publique qui considère encore trop souvent que ces questions doivent restées dans la sphère privée.

Au-delà de l’hexagone

La France est bien loin d’être la seule concernée par les questions de sexisme, puisque « 1 femme sur 3 dans le monde est touchée ou a connu des violences à l’égard des filles et des femmes », d’après un rapport actualisé par ONU Femmes en septembre 2023. Ces données prennent en compte aussi bien les violences sexuelles et/ou physiques venant d’un partenaire intime, les violences sexuelles en dehors du couple, ou les deux, mais pas, les situations de harcèlement sexuel, qui représentent, pourtant, une part importante dans les violences à l’égard des filles et des femmes.

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