Fleury-lès-Aubrais 1948: les Ceméa s'engagent dans le champ de la santé mentale

Germaine le Guillant témoigne de la création des liens entre la santé mentale et les CEMEA en 1948
Média secondaire

Fleury-lès-Aubrais 1948: les Ceméa s'engagent dans le champ de la santé mentale

« Il est à première vue paradoxal qu’un organisme d’éducation comme les Ceméa se préoccupe des Maisons pour malades mentaux. On serait tenté de penser que bien des tendances modernes, en éducation, sont nées de l’expérience des arriérés et que la direction des Centres a voulu tenter de retrouver chez nous une des sources de réflexions les plus fécondes de la pensée éducative. En fait, il n’en est rien, l’origine de notre collaboration doit être trouvée non dans une recherche doctrinale, mais dans une profonde similarité de situations concrètes. » Georges Daumézon C’est en 1946 que j’ai fait la connaissance du Dr Daumézon, à cette époque médecin-directeur de l’hôpital psychiatrique de Fleury-lès-Aubrais. C’était un dimanche de septembre et je me rendais à l’hôpital de Fleury pour y rejoindre une de mes jeunes amies qui y était interne. Après une journée de discussions et d’échanges, après avoir croisé dans les allées de l’hôpital les silhouettes sombres et les visages souvent anxieux de quelques malades, je m’apprêtais à repartir lorsque mon amie me dit : « Tu ne peux pas quitter Fleury sans avoir vu mon patron. » Je me rendis à son insistance, et c’est ainsi que je rencontrai le Dr Daumézon dont je connaissais le nom. En effet, il était alors le secrétaire général du syndicat des médecins des hôpitaux psychiatriques, où il jouait un rôle de premier plan dans la lutte entreprise pour transformer les conditions de vie des malades mentaux. Le Dr Daumézon m’interrogea, me demanda ce que je faisais. Je lui répondis rapidement. Il est toujours difficile pour moi d’expliquer le rôle et les actions si diversifiées menées par les Ceméa et de définir avec précision ce que j’y fais moi-même. Je parlai cependant des stages. J’expliquai ce qui m’intéressait dans leur déroulement, le prolongement qu’ils introduisaient souvent dans le comportement et la sensibilité des stagiaires, leur orientation dans une action militante liée au mouvement général de l’éducation nouvelle. Puis nous avons discuté de la psychiatrie, du mouvement de réforme qui s’y dessinait alors. Nous citions des noms de psychiatres, nous évoquions la prise de conscience que déclenchaient leurs positions chez de nombreux collègues. À la fin de cette discussion, Daumézon me dit, de ce ton direct et décidé que ses amis connaissent bien : « Et pourquoi n’organiseriez-vous pas des stages pour les infirmiers psychiatriques ? » (...)

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