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Le doudou en collectivité, comment l’appréhender ?

Bout de tissu, peluche, étiquette de vêtement, le doudou choisi par l'enfant prend des formes très variables. Le pédiatre et psychanalyste Donald Winnicott a montré qu’il peut devenir objet transitionnel. Comment l’accueillir en collectivité ?
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Présent dans l’univers de la petite enfance depuis une soixante d’années, le doudou revête différentes formes, textures et apparences. Inexistant pour certains enfants, objet inséparable pour d’autres, comment le définir, comprendre ses enjeux et adapter au mieux les pratiques des professionnel·les sur le terrain?
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Un objet de transition

Dans le jargon éducatif, le doudou devient un «objet transitionnel» à partir du moment où l’enfant l’investit comme un objet singulier et significatif, qui occupe une fonction de transition. De par celle-ci, il va accompagner l’enfant entre les différents espaces qu’il rencontre mais aussi entre son monde interne et ce qui est à l’extérieur de lui. Au fur et à mesure que l’enfant grandit, les enjeux peuvent évoluer et il n’est pas rare que les doudous deviennent de véritables compagnon de jeu.

 

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Le terme de transition évoque souvent les séparations du matin et du soir. Ce sont effectivement des moments remplis d’enjeux affectifs qu’il est important de soigner. Pour le jeune enfant, ces transitions se déroulent généralement en arrivant et repartant des lieux d’accueil en collectivité. Mais pas que !

En effet, en dehors de ces temps, il existe de multiples expériences de discontinuité que l’enfant vit durant la collectivité. Par exemple un adulte qui sort de la pièce, un changement de local, une personne qui s’occupe de lui, d’elle pour la première fois… Ces coupures ne sont pas à minimiser dans l’accueil de l’enfant. Ainsi, l’objet transitionnel peut être une réponse face aux différentes émotions que vit l’enfant comme l’angoisse ou la frustration, créant un espace intermédiaire entre lui et le monde.

Quelle place dans les structures d’accueil ?

En rendant le doudou disponible, l’enfant a la possibilité de se sécuriser par lui-même, exerçant un contrôle sur son environnement par le recours à cet objet familier et attendu. Afin de garantir un accès aux objets transitionnels, plusieurs dispositifs peuvent être mis en place. II peut s’agir d’un panier placé dans l’espace d’activités, auquel l’enfant a accès tout au long de la journée. Il existe aussi des casiers ou portes rangements muraux placés à hauteur de l’enfant qui sait venir ranger et chercher son doudou.

Il est parfois pointé du doigt que l’enfant attaché à son doudou n’explorerait pas assez l’environnement, les jeux ou les relations. Ainsi la tentation est parfois présente de le lui retirer. Pourtant, si l’enfant s’y attache et n’est pas tourné vers l’extérieur, cela témoigne peut-être d’un manque de sécurité, de repères ou d’un besoin de se mettre en retrait de la collectivité, ce à quoi le doudou peut aider. Il s’agit dans ce cas d’observer l’enfant pour comprendre la situation et répondre à ses besoins. Il est reconnu que les enfants donnent un statut particulier au doudou, et que ceux-ci entraînent rarement des convoitises, cela n’est donc pas forcément pertinent de vouloir les exclure des sections dans l’idée de limiter les conflits.
De manière générale, pour prendre soin de ces moments de transitions, il est important de leur aménager des espaces et du temps spécifique. Pour ce faire, les locaux peuvent être ouverts aux parents assez tôt pour laisser le temps à l’enfant de passer d’un adulte à un autre et de garantir des échanges de qualité. L’idéal est de disposer d’une zone d’accueil permettant la présence des parents sans qu’elle ne soit dérangeante pour les autres enfants. Le fait de disposer d’un espace de rangement accessible à l’enfant lui permettra d’aller  déposer son objet transitionnel lorsqu’il se sentira prêt.

Quel est le rôle du professionnel face à cet objet ?

Le recours au doudou ne se substitue pas à la présence de l’adulte dont le rôle premier reste d’accompagner par le regard, la verbalisation, les gestes doux,  l’enfant dans son vécu.

L’accessibilité du doudou est une question qui doit être abordée au sein de l’équipe éducative. En effet, il est essentiel que l’accès à l’objet transitionnel ne dépende pas de l’appréciation du, de la professionnel·le mais soit partagé par l’ensemble de l’équipe et pensé pour répondre au mieux aux besoins des enfants. Aussi, le doudou ne peut être utilisé comme objet de chantage qui se mériterait « si... » ou « après que... »  Le projet pédagogique, les chartes ou référentiels de pratique restent des outils à investir pour garantir une cohérence des pratiques, mettre du sens et communiquer autour de celles-ci,  avec les professionnel·les mais aussi avec les parents.

Pour conclure, le doudou s’intègre dans un ensemble de pratiques, d’espaces-temps et d’attentions spécifiques visant à soutenir la sécurité affective du jeune enfant, et à ce titre, bénéficie d’une place reconnue au sein des milieux d’accueil. Il est à la fois un indice des besoins de l’enfant et une des possibles réponses qu’il peut mettre en place de manière autonome.


Crédit photos : Image by G.C. from Pixabay et Olivier Ivanoff

Bibliographie

BOIGE N. (2002) De l’objet transitionnel à l’addiction ? Regard d’un pédiatre. Spirale, n°22, p.77-88. Toulouse, France : Erès.

BUISSERET G., HOSPEL V., MATHY G. et ROSE G. (2021) Objets et phénomènes transitionnels : toute une histoire, Flash Accueil n°41 de l’ONE

CHAVEPEYER I. (2007) Le doudou. Fascicule à l’usages des professionnel(le)s de l’enfance, Publication du Fraje

COGNET A. (2011) Doudou, mon amour… Journal des Professionnels de l’enfance, n°68, p. 56-57

MARINOPOULOS S. (2016) De l’objet « mamaïsé » de Françoise Dolto à l’« objet transitionnel » de Donald W. Winnicott. Dans L'école des parents (Sup. au N° 621), p. 41-52. Éditions Érès.

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