Equipe éducative : comment prévenir le harcèlement scolaire ?

En France, le nombre de cas de harcèlements même s'il est stable, demeure insupportable ! Aborder cette thématique reste difficile pour l’ensemble de la communauté éducative. Psychologues et pédagogues donnent des repères et des postures à adopter pour agir.

700 000 cas de harcèlement scolaire par an en moyenne sont signalés en France, soit près de 10 % des élèves. Mieux vaut prévenir... Certes, mais comment ? Aborder cette thématique reste difficile pour l’ensemble de la communauté éducative. Dans leurs travaux respectifs, Roselyne Guilloux, psychologue de l’Éducation nationale et Eric Debarbieux, pédagogue et professeur émérite à l’Université Paris Est Créteil expliquent les mécanismes qui mènent aux situations de harcèlement. Roselyne Guilloux précise des postures à adopter afin d’éviter d’aggraver ces situations de violence.

Face au harcèlement scolaire, quelques réponses concrètes et des postures à adopter

Dans « Situation de harcèlement entre élèves » (Editions Retz, 2018), Roselyne Guilloux propose un outil synthétique à destination des équipes éducatives. Deux axes sont à travailler : la prévention, qui suppose la capacité à travailler en équipe, l’information et l’implication des parents et un lien avec les personnes ressources du territoire CMS (centres médico-sociaux), RASED (Réseaux d'aides spécialisées aux élèves en difficulté), services sociaux…. Le second axe porte sur l’intervention et le suivi qui doit impliquer tant les parents que le médecin, le psychologue, l’infirmière scolaire et les services sociaux ou juridiques.

Dans son ouvrage, Roselyne Guilloux donne des éléments de postures associées à chacun de ces axes. On retiendra notamment que l’équipe éducative devrait éviter de :

Désigner trop vite les victimes et les auteurs
S’ériger en juge dans un procès à visée uniquement punitive
Confronter les parents de la victime et de l’auteur.e
Dramatiser ou minimiser

Lorsqu’un enfant vient se plaindre de brimades, il convient de déterminer s’il s’agit d’une simple querelle d’enfants ou d’une situation de harcèlement.

Poser des questions précises : sur les faits, son ressenti, ses émotions
Expliquer que vous avez bien compris qu’il ou elle souffrait de la situation sans minimiser ni dramatiser
Prévenir et rencontrer les parents en les encourageant à ne pas surréagir
Parler avec l’enfant désigné comme auteur

L’enjeu est d’écouter pour reconnaître la souffrance, aider une victime à exprimer des peurs et trouver des solutions. En abordant le contexte scolaire par une approche globale et positive, en comprenant mieux le contexte dans lequel les enfants évoluent et les caractéristiques pouvant influencer leur comportement, les interventions des adultes ont plus de chance d’obtenir des résultats positifs.

Des dispositifs d’aide et d’accompagnement pour contrer le harcèlement à l’école

Au collège et au lycée, le système de « sentinelles », des élèves formés pour accueillir la parole de leur camarade autour de situation de violence, devenant ainsi des « lanceurs d’alerte » a bien fait ses preuves. Mais il perdure à la condition qu’une communauté d’adultes reste « soudée » autour de ce projet et qu’au moins une personne porte ce dispositif.

Une autre méthode faisant appel à la mobilisation d’un groupe d’adultes a pu aussi faire ses preuves, la méthode Pikas. Cette méthode de la préoccupation partagée consiste à permettre à un petit groupe d’adultes volontaires de rencontrer, une ou plusieurs fois, individuellement, le ou les harceleurs.

A l’école primaire, Eric Debarbieux souligne l’importance de favoriser la vie sociale par le jeu, le travail en classe en binômes ou en groupe, de permettre aux élèves de proposer leurs propres solutions dans le cadre de situation de conflit, de mettre en place des dispositifs de médiations entre pairs pilotés par des adultes, comme « messages clairs».

De plus, la relation de proximité des professeurs d’école avec leur classe, la régularité et la stabilité de leur groupe est une situation propice à la mise en place de temps réguliers, de régulation de groupe, de temps de parole.

Enfin, Eric Debarbieux souligne l’importance de trouver les outils pour faire perdurer ces dispositifs. Pour cela, il y a nécessité d’une équipe stable, formée, mettant en place des temps réguliers avec les différents acteurs·ices, impulsant des projets, des temps de réflexions, des temps de sensibilisations.

Le programme pHARe

L’Éducation nationale continue à déployer le programme pHARe qui est un plan de prévention du harcèlement et du cyberharcèlement à destination des écoles, des collèges et des lycées, il s’appuie aujourd’hui sur un réseau de 400 référents académiques et départementaux, répartis sur tout le territoire.

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On notera aussi le numéro désormais unique 3018 : dispositif d’écoute pour les témoins et victimes de harcèlement et de cyber harcèlement. Le 3018 est également une application disponible sur smartphone.

Pour aller plus loin

→ Agir contre le harcèlement, une préoccupation partagée. Conférence de Jean-Pierre Bellon - Réseau Canopé- 2021

→ La méthode PIKAS, expliquée par Jean-Pierre Bellon. Comment se soucier des victimes en impliquant les auteurs ? Site de l'académie de Dijon.

→ Sentinelles et Référents : une aventure collective contre le harcèlement. Le dispositif Sentinelles et Référents permet de proposer à des élèves volontaires et formés de constituer un groupe capable de repérer les situations de harcèlement et d’agir en conséquence. Site du SGEN Cfdt.

→ Prévenir et désamorcer les relations conflictuelles entre élèves : les « messages clairs ». Site de l'académie de Versailles

→ Harcèlement scolaire : qu'est-ce que la "méthode de préoccupation partagée", qui peut régler certaines situations "en deux semaines" ? Par Catherine Fournier de France Télévisions

→ « Des bleus au cartable » un roman de Muriel Zürcher