LA MÉDIATHÈQUE ÉDUC’ACTIVE DES CEMÉA

L’importance des rituels

Des formations se déroulent en externat, en demi-pension et donnent parfois l’impression que quelque chose échappe à l’équipe d’encadrement, que le sens lui file entre les doigts. Il est possible de réfléchir à des alternatives. Les rituels en font partie.
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Média secondaire

Aujourd’hui, force est de constater que si on se contentait de stages en internat, il serait temps de mettre la clé sous la porte. On peut le déplorer mais on peut aussi prendre le problème à bras le corps et se dire qu’il y a des choses à inventer, d’autres à développer pour donner tout son sens aux formations où il n’y a pas d’internat. Les rituels institués donnent un cadre à la formation et au stage, pose un dedans et un dehors, un avant, un pendant et un après. En outre ils fixent la reformation du groupe (le matin et l’après-midi) et prépare à sa séparation (à midi ou le soir) et c’est ensemble que les participants et participantes commencent ou finissent la journée. Il y a certaines similitudes avec le terrain de stage de la plupart des stagiaires:le périscolaire, l’accueil collectif de mineur·e·s.

De plus en plus de formations se déroulent en externat et donnent parfois l’impression que quelque chose nous échappe, que le sens nous file entre les doigts. Il est possible de travailler à des alternatives afin de limiter l’incidence du non internat, les rituels en font partie…

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Nous organisons de plus en plus de stages en externat et nous constatons que la vie et la dynamique de groupe ne sont pas aussi intenses que celles des stages en internat. Dans l'association territoriale dans laquelle j'agis, nous avons une pratique d'organisation des services de la vie du stage qui se déroulent en fin de journée.

Souvent, les stagiaires s'organisent en petits groupes pour effectuer les tâches collectives. Cela permet à certains d'entre eux de partir plus tôt. Nous ne terminons donc pas le stage ensemble. Nous avons mis ce constat au travail et nous nous sommes inspirés d'une pratique déjà existante dans une autre région.

Lors de stages récents, l'équipe de formation a décidé de mettre en place un rituel du soir et du matin, afin d'ouvrir et de terminer la journée avec la totalité du groupe. Tous les jours, nous commençons la journée ensemble. Ce temps peut être l’occasion de chanter, de jouer, de présenter un texte, de lire une histoire, de partager un article…

La liste n'est pas exhaustive. Le soir, le rituel s'organise de la même façon. Contrairement à la pratique évoquée plus haut, les stagiaires ne partent pas à la fin des services collectifs. Pendant que certains sont à la réalisation des tâches, le reste du groupe en profite pour noter les jeux, les chants, écrire, consulter de la documentation, prendre une pause. Nous nous retrouvons ensuite, collectivement, pour clôturer la journée avec le même déroulé que le matin.

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Influence sur la dynamique de groupe

Sur les stages expérimentés avec cette méthode, nous avons fait le choix de temps relativement courts – quinze minutes – pour ne pas trop empiéter sur les autres contenus de formation. Après plusieurs expérimentations au sein de diverses équipes nous avons mené une analyse de l'incidence de cette pratique sur la dynamique du groupe. Nous avons pointé plusieurs effets. Dans un premier temps, ce système d'organisation a favorisé la solidarité dans les différents groupes.

Nous avons pu observer en effet, que le soir, lors du temps des services, les stagiaires s'entraident. Ensuite, ces temps, permettent d’acquérir des savoir-faire : chants, jeux. Cela enrichit le stage et favorise la transmission aux stagiaires d’un nombre conséquent de jeux et de chants. En fonction de la confiance installée, le groupe peut s'emparer de ces temps et les faire vivre en proposant des jeux ou des chants.

Je pense qu'il est nécessaire de valider en amont la proposition faite par les stagiaires, pour assurer et garantir la sécurité affective, physique et morale des personnes. Nous pouvons, en effet, nous retrouver en situation de vivre un jeu de brimade ou un chant inapproprié.

Dans ma pratique, lorsque les temps de rituel sont menés par un stagiaire, une proposition doit être faite la veille à l'équipe de formation qui la valide ou pas. Ces rituels permettent d'ouvrir et fermer la journée, d’entrer et sortir du stage ensemble. On a pu observer une dynamique du groupe différente des pratiques anciennes. Ils permettent de renforcer le sentiment d'appartenance au groupe stage.

Lorsque l'on parle de rituel, on peut référer à la notion deux fonctions principales. La première est de séparer les rôles et les statuts. Le matin, cette ritualisation permet d'entrer dans le stage, de prendre et de reprendre sa place de stagiaire en formation. Le soir, le rituel permet de se préparer à quitter son statut de stagiaire et de reprendre son statut habituel. La seconde fonction qui incombe au rituel, est de borner les espaces-temps. Le stagiaire et l'équipe de formation passent d'un temps personnel lié à la sphère privée à un temps collectif de stage. Cela permet de mieux entrer dans le processus de formation. Le rituel du soir a la même fonction ; il permet aux stagiaires de se séparer de l'objet stage et d’entrer à nouveau dans un espace temps personnel.

La rassurante fonction du cadre

À la suite du rituel de pratique de jeux et de chants, il est pertinent de présenter la journée, pour ancrer le stagiaire dans sa formation en lui fournissant les repères essentiels à sa journée. Les rituels permettent également de poser un cadre au stage. Le cadre à une fonction rassurante, son existence est un facilitateur pour le groupe et les personnes. Rappelons que le cadre a trois fonctions principales. La première est la mise en valeur de l'objet stage. La deuxième est d’être un soutien aux conditions de son fonctionnement. La troisième est de matérialiser « un dedans et un dehors », c'est-à-dire un avant stage et un après stage, un début et une fin. Après avoir pratiqué plusieurs fois cette démarche de mise en place des rituels, je suis de plus en plus convaincue de l’intérêt de cette pratique. Elle me conforte dans l'idée que nous avons tous besoin de repères pour avancer et que la réassurance posée par l'effet de cadre permet de renforcer une dynamique groupale et d'ancrer les personnes dans leur processus de formation.

Le fait de vivre ces rituels, de les éprouver, permet aux animateur.trices de les transposer, de les adapter au cours de leurs expériences dans les accueils collectifs de mineurs dans lesquels ils agissent. Effectivement, les enfants plus encore que les adultes, ont besoin de repères et les rituels en font partie. Peu importe la forme qu'ils prennent, ce qui est important, c'est qu'ils se reproduisent toujours au même moment. L'enfant fréquentant les accueils de loisirs a lui aussi besoin de moments qui se répètent, d’instants de transition qui lui permettent également de passer de la sphère « privée familiale » à la sphère collective.

Ces rituels aident les enfants à comprendre qu'ils.elles changent d'espace, de temps, de règles. Ce qui leur permet de mieux appréhender la journée. Je pense qu'il est vraiment important de retravailler ces temps dans nos accueils et surtout d'arriver à repérer les rituels que les enfants ont déjà acquis et d'accepter de laisser une place à leur parole, leur inventivité pour en élaborer d’autres en commun.


Cet article est issu de la revue Les Cahiers de l'Animation Vacances - loisirs