XIANG QI

Un jeu chinois pour un milliard de joueurs
Média secondaire

Le Xiang qi, appelé aussi « échecs chinois », est joué essentiellement en Chine, au Vietnam et par les communautés asiatiques installées dans de nombreux pays. Ce jeu, dont les origines remontent au premier millénaire, symbolise un combat féodal sur un terrain divisé en deux camps séparés l’un de l’autre par une rivière (figure 1).

ÉQUIPEMENT

Les deux joueurs déplacent leurs pièces, rouges pour l’un et vertes pour l’autre, sur les intersections d’un quadrillage de 9 lignes verticales et 10 horizontales. Une rivière sépare les deux camps et à l’intérieur de chacun d’eux, se trouve un espace particulier appelé « palais ». Chaque camp dispose de 16 pièces dont un général (K), deux assistants (A), deux éléphants (E), deux chevaux (H), deux chariots (R), deux bombardes (C) et cinq soldats (P), (figure 2).

figure 1et 2

SITUATION INITIALE


Toutes les pièces sont installées sur le tablier (figures 1 et 3).
L’un des joueurs dispose des pièces rouges, son adversaire des vertes ; parfois noires ou bleues selon les fabricants.


BUT DU JEU ET FIN DE PARTIE


Le joueur, dont le général est mis en « échec », doit contrer l’attaque. Si c’est impossible, il est « mat » et perd la partie.
Celui qui ne peut pas jouer sans mettre son général en « échec » perd également la partie.

figure 3

Figure 3 - Position des pièces au départ.

DÉROULEMENT DU JEU

Chaque joueur, à tour de rôle, déplace l’une de ses pièces d’une intersection à une autre en effectuant éventuellement une prise. Toutes les pièces, sauf les bombardes, peuvent terminer leur déplacement sur un emplacement libre ou occupé par une pièce adverse qui sera alors capturée et définitivement éliminée ; les bombardes ont un système de prise particulier. Les attributs de chaque type de pièces sont décrits ci-dessous et illustrés en figures 4 et 5.

figure 4

Général (K) - Un pas verticalement ou horizontalement à l’intérieur de son palais. Ainsi, il n’a que neuf intersections pour évoluer. Les deux généraux ne peuvent pas se retrouver en même temps sur la même verticale, sans qu’une pièce écran (rouge ou verte) soit interposée entre eux. Il est donc interdit de créer cette situation de face à face des généraux (par exemple, en déplaçant la pièce écran).

Assistant (A) - Un pas en diagonale en suivant les lignes tracées à l’intérieur de son palais qu’il ne peut pas quitter : seulement cinq intersections lui sont accessibles.

Éléphant (E) - Deux pas en diagonale sans traverser la rivière. L’intersection intermédiaire doit être libre.

Cheval (H) - Deux pas dont un verticalement ou horizontalement suivi d’un second en diagonale. Le cheval ne peut pas sauter une autre pièce ; l’intersection intermédiaire doit donc être libre.

Chariot (R) - Un nombre quelconque de pas verticalement ou horizontalement. Les emplacements traversés doivent être libres.

Soldat (P) - Un pas vers l’avant jusqu’à la rive opposée de la rivière. Ensuite, il peut se déplacer d’un pas, vers l’avant ou de côté (à droite ou à gauche).

Bombarde (C) – Elle se déplace comme le chariot mais le point d’arrivée doit être libre. Pour effectuer une prise, la bombarde doit sauter par-dessus une pièce, quelle que soit sa couleur, et elle pourra ainsi capturer la première pièce adverse se trouvant au-delà de la pièce sautée. Dans cette configuration, ces trois pièces (bombarde attaquante, pièce intermédiaire sautée, pièce attaquée) sont bien sûr alignées sur la même verticale ou la même horizontale. La pièce capturée est éliminée et la bombarde prend sa place (figure 5).

figure 5

COMMENTAIRES

Le Xiang qi - le jeu (qi) de l’éléphant (xiang) - appelé en Europe « échecs chinois », serait un jeu issu du Chaturanga indien. Mais selon Jean-Louis Cazaux, « cette opinion reste controversée ». C’est sous la dynastie Tang (618-907) que l’on trouve les premiers documents concernant le Xiang qi. À cette époque, la Chine était l’empire le plus grand et le plus puissant du monde avant de tomber dans une période d’anarchie jusqu’à la fondation de la dynastie Song (960-1279). La Chine retrouve la prospérité et la stabilité politique à cette époque qui fut riche en inventions telle la poudre à canon vers l’an 1000. Sous cette dynastie, le Xiang qi prend sa forme actuelle avec la bombarde, une pièce remarquable qui fut introduite sous la dynastie des Song du Sud (1201-1276).

La bombarde, par sa technique de prise, est la pièce qui différencie clairement les échecs chinois des échecs occidentaux. Lors de la révolution culturelle chinoise, le Xiang qi fut interdit mais il est maintenant redevenu populaire, surtout en Chine et au Vietnam. C’est le jeu de pions le plus pratiqué dans le monde. Les règles de base présentées dans cet article permettent de découvrir le jeu et d’y jouer. Pour en apprécier les multiples subtilités et participer à des tournois, les joueurs peuvent se plonger dans les deux ouvrages récents édités par Praxeo : L’Odyssée des jeux d’échecs de Jean-Louis Cazaux (2010) et Xiang qi, l’univers des échecs chinois de Marc-Antoine Nguyen, en 2009.


Les Cahiers de l'Animation (n°93, janvier 2016)