S'évader en BD
C’est le moment d’évoquer les nouveautés du 9ème art. Alors qu’à Angoulême se prépare le festival 2022, certains de ces titres, en sélection jeunesse, seront peut-être les prix de l’année ? En attendant, ne bullons pas notre plaisir … à tout âge !
Ana Ana, Touffe de poils, drôle d’animal
Alors que tous les doudous jouent avec Ana Ana dans le jardin, Touffe de poils se plonge dans un livre sur les animaux du monde. A qui ressemble-t-il ? Si Pingpong est bien un pingouin, et Zigzag un lapin, Touffe de poils s’interroge : vert, est-il une grenouille, un lézard ou un perroquet ? Ses tentatives pour s’identifier à l’un ou l’autre s’avèrent catastrophique pour le salon… jubilatoire pour les petits qui trouveront dans ces questions existentielles l’occasion de bien rigoler.
Ana Ana, Touffe de poils, drôle d’animal, de Dominique Roques, ill. Alexis Dormal, Dargaud jeunesse, C1
Animal jack, revoir le printemps
Revoir le printemps : nouvelles aventures pour Animal Jack, sur un mode conte russe à emboitements dans une ambiance très hivernale. Les pouvoirs magiques de Jack, qui se transforme à volonté en un animal ou un autre, vont être mis à l’épreuve pour échapper aux pièges et personnages mystérieux qui se trouvent sur son chemin. Partis en camping-car avec ses parents pour un bal chez des cousins, notre héros et sa copine Gladys rencontrent d’abord un chat qui parle et qui les fait basculer dans l’univers glacé des isbas, babayagas et palais givré.
Animal jack, revoir le printemps, de Kid Toussaint, ill. Miss Prickly, Dupuis, C2
Ours
Ours, chien d’aveugle dévoué à son maître, est atteint à son tour de cécité. Floué par une bande de ratons laveurs peu scrupuleux qui l’entrainent dans la forêt, Ours est embarqué dans une sorte de road movie où rencontres et souvenirs se mêlent pour aider Ours à retrouver Patrick. Le dessin alterne des fonds blancs et noirs qui renvoient à la perte de la vue, et croque humains et animaux avec humour et tendresse.
Ours, de Ben Queen, ill. Joe Todd-Stanton, Kinaye
Lightfall, la dernière flamme
Béa, qui vit avec son grand-père cochon magicien dans une maison au fond des bois, est l’héroïne de cette histoire de quête et d’amitié. Sa rencontre avec Cadwallader, dernier Galdurien, et la disparition de son cher grand-père, la pousse à partir à l’aventure. Le dessin est délicieux : tendre, joyeux, coloré, et les personnages attachants. C’est drôle et les rebondissements tiennent le lecteur en haleine dans cet univers étrange. Un coup de cœur !
Lightfall, la dernière flamme, de Tim Probert, trad. Fanny Soubiran, Gallimard
Bienvenue à Bizarville
Bizarville, une ville anglaise qui porte bien son nom. L’inspectrice Jessie et son adjoint Sid ne chôment pas : oh my God ! Ils enchaînent les enquêtes entre phénomènes paranormaux et personnages étranges, entre tasses de thé et mots croisés. Manoir hanté, secte, lettres anonymes : un folklore qui n’oublie ni les références à un duo policier célèbre, ni l’humour british. Tout un monde qui évoque aussi dinosaures ou peur du dentiste : les enfants s’y retrouveront !
Bienvenue à Bizarville, de Tor Freeman, Sarbacane
Créatures, La grande nuit
Deuxième tome d’une saga post-apocalyptique : à New-York envahie par des brumes qui zombifient les adultes, quelques enfants tentent d’échapper aux nombreux dangers. La petite bande est éparpillée et pire, désunie alors que la catastrophe arrive : du suspens, des situations tendues, des décors inquiétants font frissonner. Vieux savant fou, gamin aux pouvoirs étranges, pieuvres géantes… une atmosphère fantastique servie par un dessin digne des grands de la SF.
Créatures, La grande nuit, de Stéphane Betbeder, ill. Djief, Dupuis
Bluelock,T.5
Bluelock est un centre de formation révolutionnaire, créé après la coupe du monde 2018 qui a vu le Japon éliminé en 8ème de finale. Les 300 meilleurs attaquants lycéens du pays sont réunis pour détecter le meilleur qui écrasera tous les autres par son talent et son hyper-individualisme. L’équipe Z est parvenue à égaliser avec l’équipe V. Chaque joueur espère maintenant le déclic qui lui permettra d’accéder à une nouvelle dimension. Un manga qui plonge au cœur des matchs et dans les têtes des joueurs, leurs émotions et leurs réflexions tactiques en temps réel, avec un suspens permanent. Qui arrivera à dépasser ses limites pour trouver l’arme de la victoire ?
Bluelock,T.5, de Kaneshiro Muneyuki, ill. Nomura Yusuke, trad. Lilian Lebrun, Pika, C3 C4
Le jour où je suis devenue ado
Journal intime d’Emma à la veille de sa rentrée en 5ème. Pressée de revoir les copines, ses objectifs préfigurent l’ambivalence de ce moment suspendu entre enfance et adolescence. Construire des cabanes dans la forêt, devenir stylée, tomber amoureuse : comment concilier tout ça ? Surprises, déceptions, colères et réconciliations, Emma avance sur un chemin qui ne l’amène pas forcément là où elle pensait. Le dessin coloré, les mots justes, le ton simple, l’humour, la mise en page originale permettent d’aborder sans pathos des sujets graves (homosexualité, relations amicales et amoureuses, soutien parental…). Parfait pour les années collège.
Le jour où je suis devenue ado, de Nora Dasnes, trad. (norvégien) Aude Pasquier, Casterman, C3 C4
Nowhere girl
Voici l’histoire d’une phobie scolaire, racontée par celle qui s’y enfonce. Une petite collégienne a du mal à franchir les portes et les codes de sa nouvelle vie scolaire, et subrepticement, malgré un environnement familial aimant, se laisse submerger. Le sens du détail et l’imagination graphique de l’auteur en font un livre réjouissant et porteur d’un point de vue de l’enfant sur ces situations où les adultes restent souvent démunis. La fixation que fait la jeune fille sur les Beattles rend le livre érudit et tellement drôle malgré la gravité du sujet. La couleur qui apparait chaque fois qu’arrivent les 4 garçons dans l’histoire vient souligner l’importance de cette passion dans la construction un peu chaotique de l’adolescente. À lire, tout public à partir de 10-11 ans, et notamment aux adultes éducateurs, professeurs, parents… afin de mettre des mots sur ces histoires douloureuses mais pas inéluctables. Une nouvelle facette réjouissante d’une autrice dont on appréciait les albums de super héros hilarants pour les tout-petits (Jean-Michel le caribou).
Nowhere girl, de Magali Le Huche, Dargaud, C3 et après
Ama, le souffle des femmes
Dans le Japon des années 60, une jeune citadine arrive sur une île de pêcheurs. Initiée par sa tante, elle s’intègre à la communauté des Ama, ces femmes de mer, puissantes et sauvages, qui plongent nues en apnée pour pêcher des coquillages. La timide Nagisa, qui fuit son passé et retrouve celui de sa mère, y trouve provisoirement refuge et force. Une exploration fascinante du rapport à la nature, au corps, au milieu social, aux traditions…Les teintes bleues renvoient à cet univers marin, et le dessin magnifique nous fait ressentir les émotions des personnages. Pour les grands ados, un choc intime et culturel qui questionne. Pépite BD Salon Montreuil 2020.
Ama, le souffle des femmes, de Franck Manguin, ill. Cécile Becq, Sarbacane, C4
- Ana Ana, Touffe de poils, drôle d’animal, de Dominique Roques, ill. Alexis Dormal, Dargaud jeunesse, C1
- Animal jack, revoir le printemps, de Kid Toussaint, ill. Miss Prickly, Dupuis, C2
- Ours, de Ben Queen, ill. Joe Todd-Stanton, Kinaye
- Lightfall, la dernière flamme, de Tim Probert, trad. Fanny Soubiran, Gallimard
- Bienvenue à Bizarville, de Tor Freeman, Sarbacane
- Créatures, La grande nuit, de Stéphane Betbeder, ill. Djief, Dupuis
- Bluelock,T.5, de Kaneshiro Muneyuki, ill. Nomura Yusuke, trad. Lilian Lebrun, Pika, C3 C4
- Le jour où je suis devenue ado, de Nora Dasnes, trad. (norvégien) Aude Pasquier, Casterman, C3 C4
- Nowhere girl, de Magali Le Huche, Dargaud, C3 et après
- Ama, le souffle des femmes, de Franck Manguin, ill. Cécile Becq, Sarbacane, C4
C1 = Cycle 1 (Maternelle)
C2 = Cycle 2 (CP/CE1/CE2)
C3 = Cycle 3 (CM1/CM2)
C4 = Cycle 4 (5ÈME/4ÈME/3ÈME)