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Des grands jeux au cœur de la ville : petit piment pour des vacances de proximité

Il n’est pas nécessaire de partir loin pour pratiquer certains grands jeux. Le milieu urbain est en effet un terrain favorable pour découvrir les subtilités et vivre la richesse de jeux que l’on croyait destinés uniquement aux grands espaces des prairies et de la forêt.
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Média secondaire

Jouer au jeu des numéros (une des déclinaisons du jeu d’approche) en plein milieu d’une ville, cela peut paraître incongru, mais c’est seulement insolite.

Bien entendu, ce n’est pas la même chose et les puristes pourront toujours trouver à y redire mais ça vous a un parfum de nouveauté qui peut charmer les plus réticent·e·s. Au lieu de crapahuter dans les champs et les bois, on essaie de se garder des pièges de la ville et d’en faire des atouts pour des stratégies à revisiter.

Certes le fait de courir, de se cacher (une sardine en ville, c’est aussi possible) peut intriguer les passant·e·s mais il va sans dire que le jeu ne doit en aucun cas les gêner dans leur quotidien. Cette variation urbaine permet une autre approche et peut donner des idées d’autres activités à délocaliser.

 

Connaissez-vous le Sagamore ? 

Avez-vous découvert le Sorcier ?

C’est un jeu auquel on joue dans les bois parce qu’il faut une bonne planquette pour le sorcier qui doit être caché le mieux possible pour ne pas être repéré, trouvé et touché. Plus la forêt est touffue, plus le jeu en vaut la chandelle.

Et le jeu d’approche (jeu des numéros) ? 

Avez-vous vu le Fanion ? Ici aussi il est nécessaire de pouvoir compter sur un terrain boisé et/ou vallonné avec des passages à découvert pour vivre pleinement toutes les subtilités du jeu et y développer les diverses stratégies.

S’adapter à l’environnement urbain

Alors, jouer à des grands jeux de pleine nature en ville, cela peut paraître absurde, incongru, une idée folle. À bien y réfléchir, ce n’est pas si inique que cela, en effet les centres-villes regorgent de bonnes planques et le sens du jeu ne s’en trouve nullement dénaturé.

Cette délocalisation, loin d’être une punition ou un exil se vit comme une conquête, la conquête d’un nouveau territoire, et le regard sur un milieu connu se vit de l’intérieur et se modifie au fil des découvertes. Au plaisir de jouer s’ajoute celui de découvrir la ville, une ville qu’on n’avait jamais imaginée sujette à de telles joutes, convenir à de telles esquives, à de telles courses, de telles feintes.

Car les mêmes duels sont possibles, au fond d’une impasse plutôt que dans une reculée, dans une ruelle étroite plutôt que dans un défilé, en plein milieu d’un marché plutôt que dans une clairière, sur une place autour d’une fontaine plutôt que près d’une source, sur un pont, sur les marches ou l’esplanade d’un lieu de culte plutôt qu’aux abords d’une cabane.

Il faut également en apprivoiser les aspérités, en dompter la rudesse, en accueillir les parfums, en sentir les odeurs et simplement faire attention aux passant·e·s, ne pas les bousculer, ne pas envahir leur espace intime et vital, ne pas les ignorer, leur reconnaître le droit de faire ce qu’il·elle·s sont venu.e·s faire, et accepter au besoin qu’il·elle·s se mêlent au jeu.

Les règles sont les mêmes que dans la nature ; le béton, le bitume modifiant simplement le rythme et la foule apportant d’autres déclinaisons possibles.

 

Cemea

Il semble que jouer dans un milieu urbain démontre que les grands jeux n’y sont pas bannis et qu’ils ont toute leur place dans le concert de la circulation piétonnière (où la question de la sécurité se pose immanquablement), parce que bien évidemment c’est dans ces espaces que le jeu peut se dérouler sans danger.

Et si le trottoir remplace la souche, les poteaux de signalisation, les arbres il n’en reste pas moins que la logique interne est la même que si on jouait au grand air, en pleine nature.

Et le jeu s’en trouve non pas détourné mais renforcé dans sa moelle initiale. Il ne s’agit aucunement d’une variante mais d’une variation, pas d’une adaptation mais d’une autre version.

Une interprétation collective que suggère l’espace où on évolue. Les jambes s’habituent vite à ne pas s’écorcher aux branches et aux arbustes, les bras et le front un peu moins à rencontrer le métal des panneaux et peut-être la pierre des murs.

Crédit photo : Clément Falize sur Unsplash

Repenser notre rapport à la ville

Il y a là une formidable promesse de jubilation dans le fait d’utiliser les chemins d’un milieu d’habitude offert à la libre déambulation mercantile ou dénuée de tout but ? Cela offre une autre façon d’habiter sa ville, d’en visiter les recoins, cours intérieures (quand leur accès est encore libre) et autres venelles inexplorées.

Un·e promeneur·euse habitué·e à des balades souvent reconduites s’y trouvera sans conteste plus à son aise. Mais un·e néophyte ne restera pas longtemps circonspect. Il se fera au nouveau terrain de jeu et prendra très vite le pli des autres joueurs et joueuses.

Pour les autres, un jeu de piste photographique peut aider à appréhender cette situation avec bonheur. Un plan de la ville permettra une meilleure appropriation de l’espace, de ses recoins, de ses richesses, de ses pièges aussi. En outre une balade découverte offrira à chacun l’occasion de se familiariser avec ce terrain inédit, au sol dur.

Jouer en ville demande certes de la part des joueur·euse·s une adaptation (on ne court pas de la même façon en ville et dans la nature) mais les schémas qui s’y développent s’apparentent à ceux qui ont cours dans le milieu initial. Le plaisir sera sans nul doute au rendez-vous.