Comment faire vivre une démarche scientifique ?

La posture de l’animateur ou de l’animatrice comme l'aménagement du milieu sont des éléments déterminants pour mener à bien une démarche de recherche et de tâtonnement scientifique. Quelques conseils pour y parvenir.
Média secondaire

Aménager une pièce, susciter la curiosité des enfants

Réunir dans une pièce :

  • Des objets insolites ou qui intriguent (plantes carnivores, pierres, cristaux de taille, de densité et d’aspect différents), des jouets un peu complexes (voitures, bateaux à moteur, avion, engrenage), des dispositifs expérimentaux qui suscitent le questionnement : le circuit de la lumière à travers un prisme, une lame de verre, un miroir, un circuit électrique avec ampoule, interrupteur, dérivation…
  • Des fiches pédagogiques expliquant comment réaliser avec ces objets des expériences simples, des livres en relation avec les phénomènes mis en jeu.
  • Des outils et du matériel pour réaliser soi-même ce qui est présenté ou pour expérimenter, des appareils pour observer finement : loupe, microscope…
  • Des personnes-ressources capables d’expliquer, de montrer comment faire…

Il sera intéressant d’analyser les attitudes face à cet environnement suscitant. Plusieurs possibilités peuvent se dégager : le théoricien commencera par regarder les fiches et consulter les livres, le pragmatique touchera, expérimentera pour bien appréhender la situation proposée. Le recours à la personne-ressource dans ces moments est aussi intéressant à interroger ; c’est plus simple si on me l’explique de vive voix. 

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Ces trois tendances ont toutes leur intérêt, il convient de savoir les repérer et de les proposer au moment opportun en tenant compte du public concerné.

Les compétences à mobiliser

La façon de mener un atelier est au moins aussi importante que son contenu.

Voici quelques questions à se poser avant de se lancer dans l’aventure. Les réponses à celles-ci devraient aider le futur animateur d’activité scientifique à préciser sa façon d’intervenir auprès des publics auxquels il s’adresse en identifiant les points de blocages possibles et en sachant relancer l’intérêt quand cela s’avère nécessaire.

Suis-je un bon observateur, quelqu’un de curieux ? 

Pour tenter de définir son niveau d’observation, rien ne vaut une balade dans un milieu qui inspire, pour prendre le temps de noter ce qui attire l’attention. Ensuite, il conviendra d’analyser ses observations et de définir le type de stimulus auquel on est le plus sensible : visuel, sonore, sensitif, olfactif. Il peut également être intéressant de mesurer si l’attention est davantage portée sur le milieu naturel ou humain, si la sphère d’observation concerne seulement l’entourage immédiat ou embrasse globalement le milieu. Enfin, l’animateur, animatrice peut se demander si ce qui a retenu son attention a eu des conséquences sur son comportement (c’est dangereux, j’évite, c’est intéressant je vais voir de plus près), son affect (j’aime, je n’aime pas), son intérêt (tiens, il va falloir que je retrouve le nom de cette fleur), la réminiscence de certains souvenirs (cette odeur me rappelle). 

On saura ainsi mettre en jeu toutes les possibilités d’interaction avec le milieu ambiant que l’on vient observer. 

Ai-je envie de comprendre, de me poser des questions ? 

Est-on capable d’établir du lien entre ce que je sais et ce que j’observe et de m’interroger sur ce qui reste incompris ? Plusieurs types d’activités sont possibles pour tester et stimuler ces aptitudes. Lors d’une balade, il s’agit d’aiguiser les sens de l’observation pour susciter des questions, des interrogations. Mais pourquoi les arbres poussent-ils tous à la verticale ? Pourquoi observe-t-on de grosses vagues même en l’absence de vent ? Mais pourquoi un objet métallique coule-t-il dans l’eau alors que les bateaux faits de ce même métal flottent ? Mais pourquoi ? Mais pourquoi ? 

Tenter de formuler ces interrogations (brainstorming), de rechercher des explications et des moyens de le vérifier (hypothèses) constituent un exercice simulant développant à la fois la rigueur scientifique et l’intuition  parfois nécessaire pour entrevoir d’autres possibilités, pour envisager des hypothèses originales à vérifier ultérieurement bien sûr.  

Suis-je plutôt un théoricien ou un pragmatique ?

Pour mieux cerner son aptitude à répondre à cette question, il peut être intéressant d’analyser son comportement immergé dans un « milieu enrichi » dans lequel le choix de l’approche à mettre en place est ouvert. 

 

Que permet la pratique d’activité scientifique ?

  • Conforter l’émergence d’un raisonnement logique en sachant établir des liens entre observation, faire et connaissances
  • Aider à argumenter, qualifier ses propos à l’aide de données générées par l’expérimentation ou par des connaissances
  • Inciter à devenir plus rigoureux, plus critique dans l’analyse objective de l’information reçue.
  • Permettre enfin de mieux comprendre le monde scientifique et technologique.
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Cela ne veut pas dire que seuls les sujets scientifiques traitant des sciences dites « dures » ne peuvent bénéficier de l’apport de la méthode expérimentale.

  1. Crédits Photo: Muriel AZARI, Magali_KITZMANN/Genopolys

Cet article est issu de la revue Vers l'Éducation Nouvelle n° 571