LA MÉDIATHÈQUE ÉDUC’ACTIVE DES CEMÉA

Marionnettes et marottes

Souvent pour lancer l’activité « marionnettes » on dit : faire des marionnettes… L’expression propose deux aspects, la fabrication et le jeu. On peut fabriquer des marionnettes sans jouer et jouer avec des marionnettes sans les avoir fabriquées !
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Média secondaire

La marionnette date des premiers âges de l’humanité. Depuis la nuit des temps, elle a accompagné l’homme. Dire où est née la première marionnette reste impossible, Nous savons que depuis la plus haute antiquité, les Égyptiens utilisaient des théâtres de marionnettes avec des corps en bois et des visages en ivoire. Au XIème siècle, avant notre ère, nous trouvons aux Indes, Sutradhara ; ce personnage est le père de tous les « Polichinelles » du monde entier. Puis nous suivons sa lente progression vers Ceylan, Java, Bali, la Birmanie et la Chine, mille ans avant notre ère ! Par le chemin des caravanes, voici la marionnette en Perse, elle atteint la Méditerranée. Enfin chez nous, la marionnette médiévale est née dans les églises avant, un jour, d’en être chassée. Religieuse ou profane, elle poursuivra son long trajet et donnera naissance, dans le monde entier, vers la fin du XIXème siècle à une foule de personnages populaires, tous frères ou cousins du lointain Sutradhara hindou : Guignol en France, Kasper en Autriche, Punch en Grande-Bretagne, Petrouchka en Russie.

Aujourd’hui encore, amusante, éducative ou thérapeutique, la marionnette est toujours bien vivante au service de l’homme. Née avec lui, elle ne disparaîtra qu’avec lui.

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Faire une marionnette ?

En éducation, à l’école, en centre de vacances ou de loisirs, on introduit des marionnettes toutes faites mais le plus souvent, chaque enfant fabrique sa marionnette. La marionnette n’est pas un objet d’exposition, elle a besoin de vivre, le manipulateur sera celui qui lui donne vie. On manipule mieux les marionnettes que l’on a construites soi-même. C’est pourquoi, l’adulte devra penser à créer une dynamique de création rapide pour que l’enfant joue rapidement. L’enfant a surtout besoin de jouer, d’inventer, de créer des histoires et non de perdre du temps à réaliser une marionnette compliquée. À partir du moment où la marionnette sera construite, des jeux d’expression permettront à l’enfant d’aller plus loin dans ce domaine artistique.

Nous proposons une technique simple avec du papier de couleur facilement réalisable par des jeunes enfants.

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La marotte

Cette marionnette sera manipulée au-dessus de la tête du marionnettiste. Simple, elle se prête tout de même à des jeux très recherchés. La marotte comporte une tête fixée sur un bâton. Certaines ne possèdent pas de bras. La robe est fixée au cou et c’est tout ! C’est le modèle que nous proposons.

Matériel, matériaux
Papier popset, colle Scotch, ciseaux, baguette 1x1, tissu.

Choix d’une forme pour la tête
À partir d’une bande de papier de 30x35 cm.

Morphologie – Création de personnages
Nez, yeux, cheveux, moustaches, barbes (pas de bouche, car elle fige le personnage en une seule expression).
Le nez doit être en volume. Il se fait à partir d’un triangle. Il apporte déjà un caractère au personnage.
Les yeux peuvent être ronds, carrés, triangulaires, etc. Toutes les formes sont possibles.
Les cheveux et les moustaches sont en papier découpé, frisé ou froissé

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Habillage
Passer une baguette à l’intérieur de la tête et coller derrière. Le costume sera fait avec un triangle de tissu attaché à la base de la tête avec un morceau de ficelle.

L'activité jeux

Où ? Dans une pièce permettant d’installer le castelet et d’accueillir des spectateurs. Chaque marionnette avant d’apparaître au public devra toujours se placer à bonne hauteur. Le manipulateur se prépare avant d’entrer dans l’aire de jeu du castelet. Le castelet peut être rudimentaire

Combien ? Pour l’activité, on conseille un groupe de quinze personnes environ.

Comment ? C’est un travail effectué uniquement avec des onomatopées ou silencieusement. La parole est superflue et inutile. Il faut prendre le temps, pour celui qui joue d’aller jusqu’au bout de ses gestes, de bien décomposer chaque mouvement.

Jeux individuels
Les participants passent les uns après les autres, rapidement, en ayant toujours le souci de regarder ce que font les autres. On entre et on sort sa marionnette. On la présente en essayant de lui donner une marche correspondant à la morphologie du personnage. Le personnage arrive, donc la marche sera de profil et non face aux spectateurs. Le manipulateur, au cours de jeu, est debout. Il doit, comme sa marionnette, courir, marcher, sauter, danser. La marionnette est juste au-dessus de la tête du manipulateur.

Exemples de situations pour jouer

  • Courir, ouvrir une porte et la fermer
  • S’asseoir
  • S’allonger et s’endormir
  • Boire
  • Se moucher
  • Tituber
  • Avoir le hoquet
  • Observer quelque chose (à terre, en l’air…)
  • Apercevoir quelque chose dans le ciel
  • Apercevoir quelque chose par terre
  • Jouer à la marelle

Des expressions

  • La peur
  • La gaieté
  • La tristesse
  • La rêverie
  • La réflexion
  • Les rires
  • Les pleurs

Jeux à deux

Les participants choisissent les entrées qu’ils souhaitent (gauche ou droite).;
Aucune concertation n’est demandée : le jeu est toujours spontané.

  • Se dire bonjour
  • Se disputer
  • Se promener
  • Se bousculer
  • Étendre du linge
  • Jouer a la marelle*
  • Jouer à s’attraper
  • Jouer à la pétanque
  • Danser
  • Jouer au tennis

* Pour que la marionnette joue à la marelle, le manipulateur doit, derrière le castelet, aussi jouer à la marelle.

Un coin permanent expression

En centre de vacances ou de loisirs, les enfants se déguisent, fabriquent des masques, des marionnettes pour des productions ou des spectacles. Un coin permanent expression met l’accent sur la place de l’imagination de l’enfant, créant ainsi un jeu dramatique spontané. L’expression, à travers déguisements, masques et marionnettes, s’adresse à tous les âges. Ce moyen facilite le jeu libre sans but défini, seul ou avec d’autres. Le jeu est éphémère. Des marionnettes de types divers placées dans le coin expression permettent de jouer mais aussi, incitent à en fabriquer d’autres. On peut aussi y trouver une malle remplie de tissus, de chapeaux, de manteaux, de demi-masques…

Autre technique pour construire sa marionnette

Lorsque les enfants ont joué avec des marionnettes en papier, marionnettes éphémères, on peut alors proposer un travail un peu plus long pour réaliser des têtes plus solides et travailler davantage l’aspect sculpture.
Cette méthode reste également à la portée des plus jeunes ; elle n’est pas onéreuse et constitue un excellent travail artistique en volume.

Matériel
Une bouteille vide, du gravier, de la sciure. des vieux journaux, un bâton (de 1 cm de diamètre environ et de 60 cm de longueur), un paquet de colle à papier peint, du tissu, de la laine, de vieux collants…

Fabrication d`une tête
Il s’agit de faire de remplir un collant ou chaussette de sciure bien tassée pour obtenir une grosse tête ronde, une tête en hauteur ou conique…

Introduisez le bâton dans le sac et ligaturez l'ouverture sur le bâton à l’aide d’un bout de cordelette. Plantez l’autre extrémité dans une bouteille vide que vous remplirez de graviers. Cette installation vous permettra de travailler sans toucher le sac de sciure

Préparez une colle épaisse
Sur le sac gonflé par la sciure, collez des petits bouts de papier journal trempés dans la colle. Évitez les plis et les bourrelets. Les bandes de papier se superposent Prévoir au moins trois couches, renforcez également la base du cou avec le bâton.

Ajoutez les éléments selon les caractéristiques du personnage choisi. Le nez peut ainsi être réalisé avec une boule de papier ou bien avec un cône. Les enfants n’ont pas forcément un personnage en tête, c’est en tâtonnant qu’ils créent un personnage. On peut ajouter des sourcils, des yeux avec des petites balles de cotillon…

Recouvrir le nez et tous les autres détails avec de nouvelles bandes de papier (trois à quatre couches sont nécessaires) Il faut que votre marionnette ait un profil.

La tête en séchant doit être bien rigide. Une fois sèche, retirez le bâton afin de vider le sac de sciure. Replacez le bâton et faites quelques soudures au niveau du cou pour consolider.

Quand la tête est bien sèche, poncez les aspérités au papier de verre. Avant de peindre, vous pouvez passer une couche d’enduit, car les journaux risquent de « boire » trop de peinture. Ne surchargez pas de couleurs. Trois nuances dominantes pour une marionnette suffisent. N’accordez à votre tête que l’essentiel. La bouche comme nous l’avons déjà dit n’est pas indispensable ! En revanche, le regard l’est !

Les cheveux sont en laine, en crin, en paille, en copeaux ou en tout ce que vous souhaitez. Habillez et jouez !

Modelage et papiétage

Si vous avez des enfants plus grands, vous pouvez utiliser la terre glaise ou de la pâte à modeler.

Placée au bout du bâton, la boule de terre sera modelée avec précision. Vous donnerez au visage des personnages des arêtes bien nettes, des reliefs bien précis ; la terre offre de nombreux détails. Puis lorsque la tête en terre est séchée et bien dure, enduisez-la d’un corps gras (huile) et collez des bandes de papier journal comme dans la technique précédemment expliquée. Ensuite coupez en deux, avec un cutter, la tête de papier bien séchée ; vous libérez la terre et vous recollerez les deux parties avec quelques bandes.

Et après ?

Les enfants ont construit un roi, un paysan, un cow-boy. Laissez-les parler avec leur marionnette, ils font connaissance. Chacun parle avec son double, des scènes s’improvisent, les autres entrent dans le jeu. La notion de spectacle apparaît. Ensuite, vous chercherez des scénarios avec eux ou bien déjà écrits.

Ne cherchez pas d’histoires trop compliquées. Vous pouvez utiliser des actions de la vie quotidienne, voici une petite liste.

Le linge à étendre, préparation d’un repas, le laboratoire du savant fou, un concert extraordinaire, un jeu de ballon.

Il faut que le jeu derrière le castelet soit toujours un plaisir pour l'enfant. L’école ou les autres lieux éducatifs ne préparent pas de futurs marionnettistes mais des enfants sensibles aux activités d’expression. Ce ne sont pas des singes savants à qui ont fait répéter de trop nombreuses fois une scène ou une pièce.

Pour libérer les enfants d’un texte à apprendre par cœur, on peut utiliser le « conteur » qui lit l’histoire pendant que les autres jouent. La qualité de la manipulation en sera d’ailleurs meilleure et plus juste.

Pour aller plus loin

Trois principes de base sont à utiliser pour le théâtre de marionnettes : la simplicité, l’économie gestuelle et la clarté.

Une règle générale est d’exprimer le mieux possible à travers la manipulation, d’où l’intérêt de travailler des scénarios sans textes. Ensuite on ajoute le dialogue que l’on estime nécessaire.

La marionnette bouge avec un rythme différent de celui de nos mouvements de tous les jours. Les gestes doivent être clairs, chaque mouvement doit aider à exprimer quelque chose. On cherche les meilleurs mouvements et rythmes qui correspondent au mieux aux personnages.

La marionnette a la capacité extraordinaire de pénétrer la complexité de la vie. Avec un petit geste ou un soupir, elle provoque une réponse émotionnelle, une sympathie,

En éliminant les gestes et les textes qui ne sont pas nécessaires, on arrive à une concentration qui peut rendre les gestes, les mots de la marionnette vrais, alors que ce n’est qu’un bout de chiffon… qu’on anime.

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Références (histoire et construction des marionnettes)
  • Théâtre de marionnettes, Dessain et Tolra.
  • Théâtre de marionnettes en papier. Dessain et Tolra.
  • Marionnettes, tradition et création, Denis Bordat, Éditions du Scarabée.
  • Les Marionnettes, Jeunes Années n°32bis.
  • Théâtre d'ombres, Dessain et Tolra.
  • Marottes et marionnettes, Fleurus n°25.
  • Marionnettes et ombres d'Asie, Le Louvre des antiquaires.
  • Histoires de marionnettes, Que sais-je n°845.
  • Théâtre d’ombres, L’Harmattan.
  • Les Marionnettes, P. Foumel, Bordas.

 

Les Marmousets. Depuis 1983 Patrick Deplanque anime le théâtre des Marionnettes Les Marmousets

 

 


Article publié dans les cahiers de l’animation – vacances loisirs n°24.

Octobre 1998