Stage pratique et indemnité

De plus en plus de stagiaires se voient proposer un stage pratique sans être indemnisés. les CEMÉA tiennent à rappeler le sens et la logique de l'engagement des jeunes dans l'animation volontaire
Média secondaire

Les CEMÉA défendent, en tant qu’organisme de formation et acteurs de l'animation volontaire, la spécificité de cet engagement.

Chaque année, 3 500 000 d'enfants et d'adolescents fréquentent les Accueils Collectifs de Mineurs. Pour les encadrer, pour les accompagner et vivre avec eux, plus de 300 000 jeunes et adultes décident de s'engager dans l'animation volontaire.

L'animation volontaire est un concept spécifique en Europe. Elle permet d'exercer de vraies responsabilités éducatives et sociales vis-à-vis de la société et d'obtenir une reconnaissance sociale se situant entre l'action bénévole et l'action professionnelle.

Le BAFA et le BAFD se situent dans ce cadre. Ces brevets d'État sont des formations non professionnelles à l'animation. Elles comprennent des stages pratiques, définis par un cadre réglementaire conçu par les acteurs de l'animation volontaire, l'État, les organisateurs, les mouvements de jeunesse et les organismes de formation.

Animateur à part entière

L'animateur stagiaire est d'un point de vue réglementaire un animateur à part entière. Il peut avoir les mêmes charges et a les mêmes responsabilités, les mêmes droits et les mêmes devoirs qu'un animateur diplômé. Être animateur à part entière contribue à faire de ce moment particulier qu'est le stage pratique, un des objets de sa formation. Le stage pratique est construit sur le principe d'une double alternance :

  • alternance entre théorie et pratique ;
  • alternance des intervenants dans la formation (l'organisme de formation pour les stages théoriques, l'organisateur d’ACM pour le stage pratique).
Un cadre identifié

Pour identifier ce concept particulier de l'animation volontaire, un cadre a été défini avec le Contrat d’Engagement Éducatif, il est inscrit dans la loi sur le volontariat.

D'autres pratiques existent qui remettent en cause le sens de cet engagement volontaire, du type : accueil comme aide-animateur, comme complément à l'équipe sans recevoir d'indemnité ou pour soi-disant rendre service au jeune stagiaire.

De vraies responsabilités

Face à cela, il faut rappeler les responsabilités assumées par des jeunes animateurs dans le cadre de l'animation volontaire. Ils ont pendant un temps déterminé la responsabilité d'enfants et de jeunes. Il s'agit d'une vraie responsabilité qui leur permet, dans le cadre d'un dispositif réglementaire, de vivre l'apprentissage de leur citoyenneté, de contribuer à un mouvement de solidarité sociale. Cet engagement ne doit pas être réduit à un encadrement matériel et occupationnel d'enfants. Il ne doit pas être dévalorisé, dénué de sens et exploité par les employeurs organisateurs. Il doit pouvoir trouver sa place dans cette logique globale qui réunit tous les acteurs de l'animation volontaire : organisateurs, mouvements de jeunesse, organismes de formation, animateurs et directeurs. Cette participation ne doit pas être trahie sous le prétexte d'un marché de l'animation. Elle doit être reconnue comme partie intégrante du dispositif.

Des risques certains

À ce titre, et au-delà de la reconnaissance effective du concept et des formations officielles, l'engagement éducatif des jeunes, le temps passé et leur mobilisation financière doivent trouver aussi une reconnaissance matérielle. L'organisateur doit y contribuer et accompagner ce dispositif au travers d'une indemnité versée à l'animateur.

Le fait de sortir de cette logique de responsabilisation sociale, de prise en compte de l'engagement militant des jeunes, place les organisateurs et les animateurs non indemnisés dans des cas de figures comportant des risques qu'il ne faut pas non plus sous-estimer. En effet, dans ce cas rien ne garantit une protection en cas d'accident ou de maladie, un contrat clair entre le stagiaire et l'organisme (qui assume les responsabilités).

C'est pourquoi, il nous semble urgent d’œuvrer pour que le contrat d’engagement éducatif soit utilisé. Cela reste aujourd’hui le cadre privilégié pour les animateurs volontaires. Il n’est pour autant pas totalement satisfaisant, mêlant volontariat et salariat. Face à cela, les CEMÉA doivent poursuivre le combat politique pour une véritable reconnaissance de l’engagement volontaire dans l’animation.