Je pense qu’il faut que les pratiques évoluent, parce que les enfants ont changé.
Organiser la classe dans le respect des besoins de l'enfant
Crédit musique : Vitaliy Levkin sur Pixabay
Laurent Lescouarch, en tant que spécialiste des pédagogies alternatives, a souhaité réagir aux affirmations du CSEN1 jugées réductrices et très discutables, s’appuyant sur des orientations scientifiques restrictives et une orientation idéologique à peine masquée. « Le fait de dire qu’un enfant ne peut pas apprendre sans regarder le tableau, c’est très réducteur », donne-t-il comme exemple. La tribune publiée dans Le Café Pédagogique ne cherche pas à faire le procès du CSEN, mais plutôt à nuancer une approche binaire de certaines préconisations notamment en matière d’aménagement des espaces scolaires. Le chercheur propose de diversifier les approches pédagogiques tout comme les postures corporelles des élèves en aménageant les classes sur la base des besoins des enfants.
Pédagogie traditionnelle et Education nouvelle
Ce n’est pas non plus le procès de la pédagogie traditionnelle que font les signataires de la tribune, même s’ils peuvent en pointer les limites. « La pédagogie traditionnelle a des avantages, notamment le fait qu’on puisse enseigner la même chose à tout le monde en même temps. Or, la recherche montre que cette pédagogie a quand-même de grandes limites en étant uniforme, c’est-à-dire qu’elle ne permet pas que les enfants qui ont des besoins différents soient pris en compte », affirme ainsi Laurent Lescouarch. La prise en compte de chacun et chacune, c’est justement ce à quoi se sont attachés d’autres courants pédagogiques, dont ceux issus de l’Éducation nouvelle. Le spécialiste des pédagogies alternatives précise que ces deux différents courants doivent se compléter. « À côté de la méthode explicative et interrogative, il y a nécessité d'apporter d’autres formats d’apprentissage. On maintient le moment où on vous explique, vous interroge, où vous faites des exercices, mais à côté, on met des moments où on peut jouer, où on est en projet, où on bouge, on expérimente, où on essaie. Je pense qu’il faut que les pratiques évoluent parce que les enfants ont changé », argumente-t-il.
Ce qui compte, c’est la complémentarité des formats qu’on propose aux enfants, c’est-à-dire des pédagogies cadrées, diversifiées et surtout très variées.
Les différents formats pédagogiques
Toujours pour ce spécialiste, la question de l’aménagement des espaces d’apprentissage implique l’équilibre des formats pédagogiques qui favoriseront le développement des apprenants. Laurent Lescouarch en aborde quelques-uns qui, selon lui, sont importants pour l’évolution de chaque élève au sein de l’espace classe. « Un enfant dans une journée a besoin de moments collectifs très cadrés, pour faire partie d’un groupe, pour se sentir exister, puis des moments collectifs qui vont servir à gérer comment travailler ensemble et coopérer. Il va également y avoir des moments plus individuels où le travail des enfants va être ajusté à ce qu’ils savent faire plus personnellement. Ce qui compte, c’est la complémentarité des formats qu’on propose aux enfants, c’est-à-dire des pédagogies cadrées, diversifiées et surtout très variées », affirme le chercheur. Il est important de varier ces différentes modalités, car si on n'en privilégie qu’une au détriment des autres, cela peut poser problème.
Pourquoi aménager les espaces d'apprentissage?
Et si les espaces classe ont besoin d’être aménagés, c’est pour permettre de prendre en compte tous les besoins des élèves. « L’école traditionnelle en n'offrant bien souvent qu’une seule posture à l’élève, ne répond pas à l’ensemble de ses besoins », affirme le chercheur en soulignant qu’il faut à la fois des espaces collectifs, individuels, ressources et jeux pour décompresser. « L’idée, c’est que dans l’espace classe, tous ces registres d’activités soient possibles, et ça suppose une très grosse réflexion sur l’environnement. »
1 Conseil Scientifique de l’Éducation Nationale
Crédit photo en-tête. Extrait film À nous l'école
"Repenser les espaces à l’école : évitons les approches réductrices et dogmatiques". Une tribune signée par Pascal CLERC, Professeur des Universités à Cergy Paris Université, Vanessa DESVAGES-VASSELIN, Maitresse de conférences à l’Université de Rouen Normandie, Émilie DUBOIS, Maitresse de conférences à l’Université de Rouen Normandie et Laurent LESCOUARCH, Professeur des Universités à l’Université de Caen Normandie.
"Figures & portraits Mandréens" présentent Céline Decorte et la classe flexible
A la base illustratrice pour livres, Celine Decorte a passé son master pour devenir institutrice avec la volonté de développer une méthode pédagogique avec le plus grand nombre de ses élèves. Céline propose, au sein de l'école primaire Louis Clément de Saint-Mandrier, le concept de classe "flexible" pour les CM1 et CM2. Un enseignement innovant qui place l'élève au centre de la classe et qui le responsabilise complètement par rapport à ses apprentissages. Ce reportage est une immersion dans la classe qui permet de découvrir les méthodes de travail développées par Celine. Un très beau message pédagogique plein d'espoir pour la réussite de la nouvelle génération.
©Philippe Donon 221007
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