Ecrits de campagne
Cet été je suis parti pendant quatre semaines avec des bandes de gosses et deux autres adultes, vivre des nuits et des journées à la campagne et à la mer.
J'ai essayé d'écrire sur ma pratique, sur les réflexions qui me viennent, sur ces interrogations que je partage avec d'autres adultes, qui éduquent des enfants et qui apprennent à éduquer avec les enfants. Et j'écris pour donner à lire, à voir, à penser j'espère, et pour pouvoir partager avec celles et ceux qui peut-être ne savent pas ou ont oublié ce qu'est le métier "d'anim". Ce métier à tisser du jeu et du social, ce métier à dénouer certains blocages, ce métier à nouer de nouvelles amitiés ou en renouer d'anciennes, avec des vivants, des arbres, des roches, des fleurs, des enfants, les animaux, des adultes, ou simplement avec soi-même et son désir.
[extrait]
Réveil échelonné : un objectif pas toujours évident à atteindre. Si t'as pas d'ombre, t'es cuit.e !
7h du mat. Deuxième jour, le réveil de mon téléphone sonne. La toile de ma tente est éclairée par la lumière du soleil. J'ouvre les yeux et les oreilles. Il y a du bruit, on dirait des cris de raton laveur. Je me concentre. Ce sont des sabots, des hennissements, des voix, des rires. Mince ! Raté ! Nous avions prévu, en équipe, un lever échelonné avec "petit déj" à partir de 7h30, et un espace livres, coussins, dans une grande tente collective à l'écart des tentes de sommeil pour se poser en attendant que le petit déj' soit prêt. La règle : si je me réveille, je ne fais pas de bruit et je ne réveille pas les copains ou copines. Je peux aller aux toilettes et me poser dans la grande tente. Mais là, tout le camp, enfin presque, se retrouve dans l'attente des céréales, des jus de fruit, des tartines... ça papote, ça papote.
Bon. C'est comme ça, toute l'équipe se met en branle, on verra ce soir ce que nous devons modifier. Nous prendrons le temps de reposer le cadre et la nécessité de ne pas faire de bruit pour laisser chaque enfant et adulte répondre à son besoin de sommeil, et à son rythme en fonction de l'organisation collective.
Ceci dit une petite analyse est nécessaire. Comment est-ce possible? Qu'est-ce qui a raté dans notre accompagnement pour se louper à ce point-là?
La veille, le groupe ne faisait plus de bruit vers 23 h. Nous avions p'têt pas assez bien explicité les consignes. C'était notre premier coucher de l'été. Mais à peine 8 heures de sommeil cela semble insuffisant pour des marmot.te.s de 7 à 10 ans. Alors qu'est-ce qui s'est passé ? ....
Les éditions Cafard - Sept. 2020
