Témoignage d'animateurs sur un séjour avec de jeunes polyhandicapés

C'est ma première expérience avec le handicap, nous accueillons de jeunes polyhandicapé d'une vingtaine d'année, nous fonctionnons dans un petit groupe de 4 jeunes et 5 animateurs
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Média secondaire

Nous avons décidé de poser une référence en binôme, c'est à dire moi et un autre animateur, Benjamin. Nous nous occupions plus particulièrement de deux jeunes, David et Maxence.

Le séjour commence, les jeunes arrivent avec leurs parents. J'accueille David, son père et sa mère. Nous leur avions demandé de venir les amener car ils nous semblaient que la séparation serait plus simple à vivre pour eux.

Bonne idée? Pour lui, je le pense mais je ne suis pas vraiment sûr que cela soit le cas moi, ce qui est sur, c'est que les quelques échanges avec ses parents et les choses que j'ai pu observer dans leurs attitudes envers lui m'ont rassuré et m'ont aidé pour la suite du séjour. Confié son enfant qui plus est sans la parole sans la possibilité de se déplacer, de bouger sa tête, ses mains, ses jambes à une personne inconnue jusque là et qui plus est sans expérience dans ce milieu ne doit pas être des plus facile je suppose, mais il m'ont fait à moi et aussi à l'équipe entièrement confiance ou alors, il l'ont très bien joué .

C'est parti! Le séjour débute et me voici engagé dans une rencontre parfois bien mystérieuse. Que pense-t-il? Pense-t-il? M'a-t-il entendu? me reconnaît-il ? Dois je répéter? Dois je me taire? J'essaye… j'essaye de penser à sa place. A non, c'est vrai, on peut penser qu'à la sienne de place, alors je continue, j'essaye de l'éveiller, d'avoir quelques sourires, réactions.

Avec une animatrice, nous l'amenons dans la salle aménagée pour les massages, encore une bonne idée faut croire, là c'est sur, David s'y sent bien, et moi aussi du coup, il s'étire, il sourit, il dépliera même tout ses doigts, que du bonheur.

Et puis il y aussi, la vie quotidienne : les repas, il appréciait tout particulièrement la nourriture de Mathilde, pour ma part, j'ai jamais eu trop d'appétit à manger à ses côtés, le faire manger où manger en face de lui me contraignait à un régime forcé, dommage il paraît que c'est bon.

Questions de référence

Et puis, il y a eu la douche, et l'eau surtout, et oui, c'était le passage difficile de la journée, je mettais un peu de musique pour le détendre, en vrai, c'est moi que ça détendait, lui, me paraissait de plus en plus crispé au fil des jours et de ne pas arriver à en faire un moment agréable m'énervait quelques peu. Choses que j'ai du dire en réunion vers le milieu de séjour:, « et oui, rappelons nous, on était deux normalement en référence », pris dans le séjour, nous étions rendu à entretenir un référence presque unique, Rassurant? pas vraiment en fait, passer quasiment toute sa journée plus une bonne partie de ses rêves avec la même personne du jour au lendemain, c'est peut être pas une bonne idée là!

Et dès le lendemain, nous décidions « d'échanger », en fait, mon collègue était aussi à bout de nerf avec Maxence qui lui était constipé depuis le début.

Résultat : pour Maxence, toujours aussi inexpressif et bouguon, mais moi et mon collègue, ça va mieux et puis en plus il paraîtrait que David aurait participer à l'élaboration d'un goûter avec des rires en cascades.
Nous travaillons donc plus tous les 4 sur la fin du séjour, comme c'était prévu à l'origine, et puis aussi avec les autres membres de l'équipe, et les autres jeunes. Cette expérience m'a donné envie de découvrir un peu plus ce milieu sur leur temps de vacances mais aussi en institution ■

L’Anim’acteur·ice

L’Anim’acteur est un journal semestriel, gratuit, édité par les CEMÉA Pays de la Loire, à destination des acteurs et actrices de l’animation.
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