Mission impossible ?

Le premier mot qui vient spontanément à la bouche des adultes quand on parle de vacances, c’est: repos! Les enfants aussi ont droit à des vacances reposantes. Comment aménager le centre de loisirs pour l’adapter à leurs rythmes et à leurs besoins ?
Média secondaire

Lorsqu’en réunion de préparation nous échangeons autour du thème des vacances (car les enfants qui fréquentent les centres de loisirs sont aussi en vacances, ne l’oublions pas), il en ressort des termes ou des expressions tels que: se reposer, se détendre, retrouver un rythme naturel, vivre des activités différentes de celles de l’école. Lorsque l’on parle de vacances, chacun a donc bien cet objectif de «respect du rythme» en tête.

Pourtant, on a parfois du mal à appréhender au quotidien cette notion en centre de loisirs. Et quelquefois, on constate à la fin du mois d’août que certains enfants quittent le centre de loisirs fatigués: «Jérémy ne viendra pas les deux derniers jours. Nous préférons le garder à la maison pour qu’il puisse se reposer avant la rentrée…» Remarque de parents difficile à entendre et qui nous remet innocemment en question ! Que peut-on mettre en place en centre de loisirs pour respecter le rythme individuel des enfants ?

Voici comment nous essayons de gérer cette composante essentielle des vacances dans notre centre de loisirs intercommunal.

En premier lieu, il y a la diversité des nuits vécues par les enfants. Certains se sont levés à 7 heures parce que leurs parents travaillent tôt. D’autres arrivent au centre à 9h 30, les yeux encore fatigués et le petit déjeuner tout juste terminé. Il y a le petit Louis qui explique à un animateur qu’il s’est endormi à 23 heures, «parce que papa et maman avaient invité des amis à un barbecue et que Bruno parlait et riait très fort.» Ou encore Lilou, pour qui la «soirée pyjama chez Samira» s’est terminée à «minuit du soir». Il y a aussi le fait que le territoire couvert par le centre de loisirs est très grand, et que nous avons mis en place un système de ramassage desservant presque vingt communes. Nous devons aussi commander les repas à 9h 30, prévoir les pique-niques au moins quarante-huit heures à l’avance…

Ces nombreux paramètres sont à prendre en compte et montrent que le centre de loisirs est fortement lié à un environnement. Mais ces contraintes ne nous ont pas arrêtés. Nous tenions à mettre en œuvre quelque chose de constructif autour du rythme de vie des enfants. Tout d’abord, nous permettons aux enfants de venir jusqu’à 11 heures. Cela permet à ceux dont les parents ne travaillent pas, de profiter du centre de loisirs sans avoir à se lever tôt comme le restant de l’année. Mais, il faut qu’ils nous préviennent: nous avons besoin de l’effectif à table à 9h 30…

La journée commence, bien sûr, plus tôt. 7h 45: premières arrivées des enfants. Les portes du centre de loisirs ouvrent tôt afin de permettre aux parents qui travaillent à 8 heures de déposer leurs enfants avant. Nous avons réfléchi à des aménagements permettant de mieux prendre en compte le rythme de ces enfants. Un animateur est là pour les accueillir en particulier, tandis qu’un autre discute avec les parents. On commence tout doucement la journée. On échange sur ce que chacun a fait la veille, sur la soirée d’hier. Des jeux, des livres, de quoi dessiner, un ballon sont à la disposition des enfants. Un léger fond musical accompagne ce premier pas dans la journée au centre de loisirs. Peu à peu, d’autres enfants arrivent… Et d’autres animateurs aussi.

8h 45: autre réalité incontournable de l’intercommunalité, les deux minibus qui desservent une partie du territoire couvert par le centre de loisirs arrivent. Les enfants rejoignent les premiers arrivés. Pourtant, ils ne se sont pas forcément levés moins tôt : le premier arrêt desservi est à 8 heures. Trois quarts d’heure de transport dans un minibus que les enfants appellent le «Papy Bus», ce n’est pas ce qu’il y a de plus reposant. Nous avons mis en place un portemanteaux spécial minibus. Cela donne un premier repère aux enfants. Puis ils rejoignent les autres, qui sont là depuis plus d’une heure pour certains. Chacun pourra prendre un livre pour commencer tranquillement la journée ou rejoindre le foot qui s’est organisé dehors avec un animateur. Il y a aussi ceux qui dessinent ou qui font des cocottes en papier.

9h 15: les enfants qui viennent avec le grand bus arrivent enfin. Ils représentent environ 50% du groupe. Ceux-là viennent d’une autre partie de la Communauté de communes. Certains se sont aussi levés très tôt puisque le premier arrêt est à 8 heures. Ils n’arriveront chez eux que ce soir à 18 heures! Une journée de dix heures en collectivité peut parfois s’avérer pesante pour ces enfants! Eux aussi ont leur portemanteau attitré ; mais le temps d’accueil a commencé dans le bus. Les animateurs y prennent le temps de discuter individuellement avec les enfants, échangent autour de la journée qui commence… Et puis, il y a ce bout de chemin entre le point où le bus dépose les enfants et le centre de loisirs. Cette petite «marche d’approche» est une transition vers cette journée qui commence au centre.

9h 30, c’est l’heure à laquelle tout le monde se croise pour la première fois de la journée. C’est l’heure de «lancer» la journée. Nous réunissons tous les enfants sur l’amphithéâtre. Quelques informations importantes à faire passer au grand groupe, une petite chanson, et nous voilà partis pour une journée au centre de loisirs intercommunal!

Les premières activités sont organisées en petits groupes. Là encore, cela permet à chaque enfant de trouver un espace et un temps adaptés à son rythme pour entrer dans la journée. Plus tard, dans la journée, tous les enfants ne seront pas obligés de participer au grand jeu de l’après-midi, même si tous étaient partants la veille. Les enfants qui se sont endormis à la sieste ne seront pas réveillés, mais on leur permettra de rejoindre le reste du groupe tranquillement, après un réveil naturel. Tout au long de la journée, les animateurs veilleront à ce respect du rythme des enfants. Ce sera un objectif prioritaire.

Ce descriptif succinct n’a pas pour prétention de donner des recettes, mais rappelle simplement que l’on peut se préoccuper du rythme de vie des enfants quelle que soit la structure d’accueil et ses contraintes.