Le slam pour se dire les choses
Comment as-tu découvert le slam ?
J’ai découvert la poésie en passant mon stage Bafa. Un des formateurs, Amine Ben Mokhtar, lisait des poèmes à midi. J’ai eu envie d’en écrire un mais j’avais très peur de partager à ce moment-là. Je faisais déjà un peu de rap. À plusieurs reprises, le formateur m’a encouragé à dire mon texte et à la fin du stage je me suis décidé. Cela m’a fait beaucoup de bien. Sept ans plus tard, on s’est retrouvés à l’occasion d’un slam de poésie qu’il organisait. Et c’est à partir de là que je me suis lancé.
Pourquoi cherches-tu à le transmettre maintenant ?
Je le fais pour les jeunes mais aussi parce que ça me fait du bien. Je crois en l’idée que la poésie sauvera le monde. Je ne sais pas si elle m’a sauvé la vie mais elle m’a sauvé la mise à plusieurs reprises. Elle m’habite, me fait vivre. C’est agréable de la partager. Transmettre, c’est pompeux. Partager, c’est comme avoir de la lumière et sentir qu’on s’est bien réchauffé, qu’on peut se réchauffer tous ensemble.
Qu’apporte le slam en matière d’éducation et de culture ?
Ça aide dans la maîtrise du langage et l’enrichissement du vocabulaire, tout ce que l’école aime bien entendre.
En même temps, c’est une culture de rue qui vient de personnes qui n’avaient pas grand-chose. Il suffit d’un papier et d’un crayon. Dans les ateliers, ce qui me touche, c’est de voir des jeunes qui étaient quasiment dans le mutisme, parler. En s’écoutant les uns les autres, ils ont envie de s’exprimer et ça leur fait du bien. Ce qu’on vit ici, au festival de Bourges, représente beaucoup. Ces jeunes ne se seraient jamais rencontrés et seraient peut-être restés prisonniers de leurs préjugés. Ici, on se rencontre par la culture et un art simple parce que le slam est une pratique dans laquelle il n’est pas nécessaire de bien parler mais qui aide à mieux maîtriser ce que l’on veut dire, à trouver les mots justes. D’ailleurs, voici comment on présente notre atelier : « Viens, on va se rencontrer, et viens, on va se dire les choses ».