Consommations substances psychoactives à Mayotte : de la société traditionnelle à aujourd’hui, quel impact sur la prise en charge des jeunes ?

La consommation de substances psychoactives est un phénomène fréquent à l'adolescence. qu'en est-il à Mayotte où l'usage de produits se pratique entre tradition et modernité ?
Média secondaire

Mayotte, dernier département français souvent méconnu, se développe rapidement, notamment au regard de l’arrivée massive de la société de consommation. Sur ce territoire, la consommation de substances psychoactives n’est pourtant pas récente. En effet, des produits comme le tabac à chiquer ou le "trembo" ("trembo tamou" : jus de palme ; "trembo vourouga" : alcool de palme) sont récoltés depuis de nombreuses années à Mayotte et sont consommés quotidiennement dans les familles. Aujourd’hui, ces produits locaux sont toujours utilisés. Pour autant, les substances et les pratiques « venues d’ailleurs » sont diabolisées : « les fumeurs de "bangué1" et de "chimik2" sont des fous », « Boire de l’alcool, c’est haram ».

Sachant qu’un grand nombre d’enfants grandit dans une précarité importante : violences, liens familiaux fragiles, précarité financière, trop peu d'écoles et de formations, manque d'activités… « Délinquants », « drogués », « bandes »…, cette jeunesse est fréquemment associée aux comportements déviants. A Mayotte, la jeunesse, isolée, inactive, en rupture, est en risque de développer des comportements addictifs. Sur ce territoire en pleine mutation, nous pouvons donc nous poser la question suivante : Comment accompagner les jeunes consommateurs en tenant compte de leur environnement familial et de ses contradictions, notamment dans le rapport aux substances locales, traditionnelles/importées, nouvelles ?

Nous présenterons des situations individuelles de jeunes de Mayotte accompagnés par le PAEJ (Points d'Accueil et d'Ecoute Jeunes), en vue de proposer une réflexion sur les conditions nécessaires pour favoriser le temps de la rencontre avec les jeunes et les familles de Mayotte. En effet, le lien entre le jeune et l’éducateur constitue un levier essentiel pour prévenir et soigner les personnes accueillies en complémentarité avec les structures spécifiques. Nous témoignerons de la nécessité de développer des outils d’actions collectives adaptés au territoire pour permettre l’expression des savoirs et des représentations. Notre pratique d’éducation populaire valorisant les langues locales, les habitudes, l’environnement, le contexte culturel… permet de construire avec le public un message qu’il va s’approprier et pourra défendre auprès de ses pairs.

Il semble également essentiel de prendre en compte les consommations locales, traditionnelles : différents produits existent et sont consommés à Mayotte depuis des décennies. Le mode de prise diffère notamment si le consommateur est un homme ou une femme. Et certains de ces produits sont réservés exclusivement aux hommes. Par exemple, le tabac à chiquer est cultivé à Mayotte depuis de nombreuses années. Ce produit est utilisé notamment pour ses vertus dites « médicinales », ce qui en justifie la consommation régulière par des femmes.

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