Du travail social : la part du don
L'accompagnement est affaire de professionnels. Mais tout ne se joue pas dans la relation contractualisée. Il existe aussi la part du don avec laquelle l'usager comme le professionnel doivent faire.
Média secondaire
Les hypothèses que nous proposons concernant une analyse psychologique des pratiques sociales s’articulent de la façon suivante.
1. Les pratiques du travail social procèdent de deux socialités antagonistes : la socialité primaire et la socialité secondaire. La première relève de « l’échange par le don » (Marcel Mauss), la seconde de l’échange marchand.
2. L’usager s’interroge et cherche à interpréter les actes professionnels du travailleur social en fonction de ces deux socialités, comme s’il se demandait ce qu’il y a à l’origine d’une intervention technique. Ainsi va-t-il tenter de donner du sens (mais quel sens ?) aux pratiques qu’un travailleur social a face à lui.
3. En réponse, face à ces tentatives d’interprétation, et pour favoriser le développement du lien social, le travailleur social est amené à tenir une position qui ne sacrifie aucune des deux socialités ; il se maintient dans l’ambiguïté, pour laisser travailler l’interprétation, en n’y répondant pas de façon définitive.
Socialité primaire, socialité secondaire
Pratiques sociales et double socialité
On doit à Alain Caillé cette distinction entre socialité primaire et socialité secondaire : « Avant que d’intervenir à titre d’acteurs sur la scène économique ou politique, avant que de tenir le rôle d’acteurs de ce qu’on pourrait appeler la socialité secondaire, ils [les sujets humains] naissent, se structurent, trouvent et mettent à l’épreuve le sens de leur existence dans la sphère des relations de personne à personne, au sein de ce qu’on pourrait appeler la socialité primaire, qui recouvre des domaines aussi variés et étendus que ceux de la parenté, de l’alliance, du voisinage, de la camaraderie, de l’amitié, de l’amour, et, transversale à tous ces champs, de la conversation.