Questions d’animation

Malgré l’augmentation des emplois, le secteur de l’animation manque encore de reconnaissance. Cela reste un métier difficile à définir et facteur de tensions et de paradoxes. Il est urgent d’en réaffirmer une conception éducative puisant ses racines dans l’éducation populaire.
Média secondaire
En 2018, force est de constater qu’il est encore difficile de définir avec précision les contours des métiers d’animateur (ou d’un métier aux responsabilités différentes). C’est une pratique sociale qui participe à la transformation des personnes mais dont la logique de compétence est questionnée et qui a toujours plus besoin de reconnaissance. Pour cela il nous faut défendre l’idée de former des animateur·rices d’éducation populaire qui maîtrisent le sens de l’action, soutiennent la vie associative, conduisent des démarches participatives, et avec une réflexion politique, des accompagnateur·rices culturel·les et maîtrisant des techniques d’activités . L’alchimie volontaire/professionnel·le est créatrice d’énergie. Le devenir du métier passe par le développement de sa dimension militante.
Cemea

L'animation accompagne la vie quotidienne de nombreuses familles, depuis les accueils périscolaires et les centres de vacances de nos enfants jusqu’aux loisirs, au tourisme et aux autres domaines de la vie de tous. Elle connaît également une demande croissante et constante vis-à-vis des personnes âgées, du développement des quartiers, ou de l’intégration sociale.

Bien que les pratiques d'animation et le personnage de l'animateur fassent partie de la culture française, la spécificité de l’animation reste parfois floue pour ce qui est des métiers et des emplois. Pour l'opinion commune, l'animation se résume parfois à une activité de bonne volonté, ou bien à un simple accompagnement d’autres métiers sociaux, éducatifs ou de santé. L'animation a connu ces dernières décennies une augmentation constante des emplois avec une diversification de ces domaines d'intervention. Paradoxalement, cette expansion ne s'accompagne pas d'une reconnaissance des métiers de l'animation ; celle-ci est rarement considérée comme une forme d'intervention spécifique possédant son identité propre.

L’animation se caractérise également par ses racines d'Éducation populaire. Aujourd'hui, une part non négligeable des animateurs et des structures d'animation revendiquent toujours cet ancrage militant. Aux côtés d'une animation professionnelle en expansion existe aussi une animation bénévole et « volontaire » ; l’animation professionnelle ayant parmi ses missions de développer l’animation volontaire. Ces formes non professionnelles gardent toute leur pertinence sans pour autant pouvoir assurer seules la réponse aux besoins d’animation, parce qu’elles ne sont pas faites pour cela.

Cemea

Si les loisirs, les vacances, la culture ont d’abord été encadrés à titre volontaire par des professionnels de l’éducation et de l’enseignement, ils ont été historiquement les domaines d'émergence des animateurs et restent des champs d'action massifs de leurs interventions, progressivement les animateurs ont investi d'autres domaines. Cet élargissement aux domaines de l’insertion, de la médiation, de la prévention, de la politique de la ville… résulte essentiellement des mutations sociétales à l’œuvre depuis la fin des années soixante à nos jours.

Concomitamment, à cet élargissement des domaines d'intervention, le processus de professionnalisation s'est opéré sans qu'il soit encore possible de définir clairement le métier d'animateur, tant les activités et les fonctions qu'il recouvre sont protéiformes. Sans doute faudrait-il parler aujourd'hui des métiers d'animateurs.

Ce dossier entend participer au débat sur les questions qui traversent le champ de l’animation professionnelle aujourd’hui et qui concernent aussi les Ceméa. Ces questions, quelles sont-elles ? L’animateur est-il toujours un agent de transformation sociale éducative et culturelle de la vie quotidienne des populations (enfants, jeunes, adultes) avec et aux côtés d’autres services-structures de service public ? et à quelles conditions ? Est-ce une fonction et une responsabilité conscientisées, revendiquées par les animateurs eux-même ou une responsabilité attribuée et instrumentalisée ?

Plusieurs tensions et paradoxes sont à l’oeuvre

Le développement des activités d'animation, qui ont gagné les nouveaux domaines d'intervention évoqués plus haut, fait qu'il existe aujourd'hui peu de structures de l'éducatif, du social, du culturel, de la santé qui ne mobilisent, à des places diverses, des animateurs. Tension, puisque cette émergence se construit bien souvent en appui sur des emplois à temps partiel non choisis voire précaires et sous qualifiés.

Paradoxe, quand les politiques mises en œuvre visent à instrumentaliser les animateurs pour le maintien de la paix sociale dans les quartiers populaires. Paradoxe encore, quand les moyens dédiés au ministère Jeunesse et Sports et à ses services déconcentrés le réduisent essentiellement à des fonctions de contrôle.

Autre paradoxe que celui de la formation professionnelle dont l’évolution très contestable de la logique de compétence n’est pas sans conséquences sur le métier, sur les personnes qui s’y destinent et sur leur rapport au terrain ; et autre tension qui porte sur le rôle des associations et sur la place de l’université dans ces formations…

Cemea

Ces évolutions constituent donc tout à la fois une reconnaissance et une fragilisation de l'animation et des animateurs.

C'est une reconnaissance si l'animation est source de développement des personnes et de transformation des pratiques dans les nouveaux milieux concernés. Mais il y a risque d'instrumentalisation si ces pratiques ne sont pas suffisamment élaborées et que les valeurs qui les sous-tendent ne sont pas conscientisées par les animateurs. Risque de fragilisation si elles ne sont pas inscrites dans des projets institutionnels solides et si elles produisent plus de fonctions régulatrices voire asservissantes que de fonctions émancipatrices qui originellement fondent l’animation.

Ce dossier est aussi l’occasion de réaffirmer une conception de l’animation et des formations à l’animation volontaire et professionnelle. De réaffirmer des perspectives éducatives par rapport aux loisirs, aux vacances, à l’accès aux formes culturelles et aux pratiques artistiques, à l’insertion, à la prévention qui s’inscrivent dans le cadre d’un projet politique d’éducation populaire ; de réaffirmer une complémentarité entre professionnels, bénévoles et volontaires pour agir chaque jour et toute l’année sur les conditions de vie quotidienne des habitants des villes et des campagnes.

Une vision des animateurs qui engagent un projet de société par le choix des actions et des méthodes qu’ils mettent en oeuvre, qui favorisent le développement des liens sociaux, en agissant pour l'autonomie et l'émancipation des personnes et des groupes, qui accompagnent les personnes et les groupes à interroger leurs références, leurs habitudes, leurs représentations pour être acteurs de transformation sociale. Ce dossier participe des réflexions sur le devenir de l’animation

Articles PDF du dossier questions d'animation

Réflechir et agir - Ven 554

Télécharger le PDF

Une appelation pour des réalités différentes - Ven 554

Télécharger le PDF

Formation professionnelle des animateurs - Ven 554

Télécharger le PDF

Une logique de compétence questionnée - VEN 554

Télécharger le PDF

Éducation nouvelle et formation professionnelle

Télécharger le PDF

Former des animateurs d’Éducation populaire

Télécharger le PDF

Question d'éducation - Dossier VEN 554

Malgré l’augmentation des emplois, le secteur de l’animation manque encore de reconnaissance. Cela reste un métier difficile à définir et facteur de tensions et de paradoxes. Il est urgent d’en réaffirmer une conception éducative puisant ses racines dans l’éducation populaire.