Petits pieds, grands pas

A hauteur d’enfant, « petits pieds grands pas » nous immerge dans le quotidien, auprès du groupe des 2-3 ans. Sans commentaires, ni évaluation, les images montrent tour à tour différents temps, différents moments, différents endroits et différentes relations de ce lieu de vie.
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Média secondaire

Origine du film 

A l’origine de ce film, une rencontre entre le réalisateur Guillaume VIGER et la coordinatrice du service petite enfance de la ville d’Elbeuf (76). De cette rencontre naît l’envie de témoigner du quotidien d’une crèche « ordinaire »

Ce dont il témoigne

Ce film parle de la vie d’un établissement public d’accueil du jeune enfant, un multi accueil de 20 places, ouvert en 2014 ; de la journée dans un lieu d ‘accueil collectif d’enfants qui nous sont confiés le temps d’une heure, d’une journée, régulièrement ou plus ponctuellement ; de tâtonnements de jeunes enfants, dans l’activité, les relations, les gestes quotidiens ; en creux il parle aussi de la vie d’une équipe qui chemine ensemble pour ouvrir des possibles aux enfants et à leurs familles, des adultes, jamais très loin, qui aménagent, proposent et accompagnent.

Origine et objectif de la crèche : " Les petites abeilles"

Le projet du service petite enfance et le projet d’établissement du multi accueil Les Petites Abeilles, où est tourné « Petits pieds grands pas », ne se réclament pas d’une pédagogie en particulier.

Il est issu d’un travail continu et coopératif qui irrigue, nourrit, construit les pratiques de l’équipe de direction petite enfance et les équipes éducatives.

Le socle sur lequel se construisent les pratiques pédagogiques pourrait être décrit ainsi :

  • La reconnaissance des grands principes de la charte nationale d’accueil du jeune enfant

  • L’inspiration des pédagogies actives plaçant l’enfant au centre de l’action éducative : Montessori, Pistoia, Dewey, Loczy…

 

Il pose comme intentions :

  • D’accueillir et accompagner la séparation parent-enfant, de permettre une expérience progressive et positive de la rencontre avec l’Autre

  • De considérer et prendre en compte le développement de l’enfant et l’activité de l’enfant dans sa globalité et sa singularité : La vie quotidienne est le socle de l’activité du jeune enfant, de ses expériences, de son chemin vers l’autonomie. L’enfant doit pouvoir évoluer au cours de la journée, le plus librement possible, dans des limites bienveillantes et suffisantes.

  • La nécessité de construire l’espace et d’enrichir le milieu de vie

  • L’éducation partagée. Nous cherchons à faire exister la continuité des expériences des enfants entre maison et structure éducative, garante de leur bien-être physique et psychique.

Quels enjeux ? et comment le film les traverse ?

Le film n’avait pas pour intention de témoigner ou d’illustrer un projet. Il avait celle de traverser un petit moment dans un lieu de vie.

Dès lors, c’est de l’ici et du maintenant dont il est question. Ce moment précis où dans la richesse d’un milieu, d’un quotidien construit, le jeune enfant va pouvoir trouver appui pour grandir.

Le projet, objet papier rédigé, ne suffit pas à définir la vie d’un établissement d’accueil du jeune enfant, il constitue un guide, un socle, il est une tentative de formalisation de « ce qui nous tient ensemble », ce vers quoi nous allons collectivement tenter d’aller, dépassant nos positionnements subjectifs individuels. La démarche qui permet sa formalisation est quasi plus essentielle que sa finalisation.

Parce qu’elle rend possible un projet collectif et vivant ; imparfait par nature, mouvant, qui nous conduit à accepter les zones d’incertitude, la diversité des points de vue. Ce projet sera ainsi traversé par les personnes qui le constituent. Celles qui seront là longtemps, celles qui sont de passage. Il sera aussi coloré par le contexte (une crise sanitaire est passée par là depuis) ; des moments de joie, d’autres plus lourds, la vie des enfants, des professionnels, des familles, les lassitudes parfois, d’un métier incroyablement exigeant, et souvent peu reconnu.

Derrière la caméra : contexte de tournage

La démarche construite à partir de cette rencontre est inhérente au projet de film lui-même, elle en est une des constituantes. Celle-ci a pour objectif l’association des acteurs, de l’équipe, des parents, et des enfants. Elle vise à prendre en compte les besoins de chacun et à respecter d’éventuelles réticences. Elle a pour exigence de créer les conditions d’une rencontre respectueuse du fonctionnement de la structure, des pratiques, des rythmes…

Le préalable : une rencontre entre la directrice de structure et Guillaume, puis avec le Maire, pour présenter la démarche, le calendrier, la finalité.

Ensuite vient la rencontre entre Guillaume et l’équipe de l’établissement. Un temps pour se connaître, présenter la démarche de travail du réalisateur, se parler de la temporalité du projet. Un temps pour dire aussi son rapport à l’image, à l’idée d’être filmé, d’avoir un observateur de sa pratique professionnelle.

Puis, la rencontre des parents, pour présenter Guillaume qui sera présent dans les locaux pendant quelques mois de façon discontinue, pour présenter la démarche, le sens de celle-ci, répondre aux questions, aborder le droit à l’image.

Enfin l’immersion démarre par des temps de visites de Guillaume dans la structure. Guillaume va s’imprégner de la vie quotidienne des enfants en venant d’abord en visiteur, en observateur, intégrant petit à petit les interactions et les temps de jeu des enfants.

Sa présence sur des temps d’accueil permet aussi le contact avec les familles et les échanges. La photo de Guillaume a rejoint le trombinoscope de l’équipe dans les espaces d’accueil familles. Plus tard, c’est Emilie qui le rejoindra en observatrice afin de préparer la prise de son du film.

Petit à petit le matériel sera intégré aux visites, d’abord l’appareil photo, puis seulement ensuite la caméra et le son, laissés à l’observation des enfants, parfois à la manipulation (prudente et accompagnée).

Les séquences seront filmées sur une durée d’environ 1 mois.

Le film une fois monté fera l’objet d’une projection en salle de cinéma, en présence des familles qui ont toutes été invitées, et en présence des professionnelles, invitées également.

Ce film sera l’occasion de rendre visible le travail et le quotidien au sein d’un établissement d’accueil du jeune enfant, souvent invisible, mal connu, mais qu’on pense connaître .

Il sera un support aux échanges avec les familles, une expérience commune.

Idées pour animer un débat autour du film

Le temps

- Donner le temps de faire (mettre ses chaussons), de dire, de vivre, d’expérimenter et de regarder (l’escargot, l’herbe qui pousse).

Le milieu

- Le jardin, lieu de déplacement, d’observation, de relations et de jeux,

- Un environnement urbain (les tours en arrière-plan),

- Deux espaces de vie, un pour les plus grands, un pour les plus petits,

- Des bannettes nominatives à hauteur d’enfants pour doudous et tétines,

- Du matériel en bon état, à taille d’enfant,

- Des jeux d’imitation,

- Un poisson dans son aquarium,

- Des espaces structurés par du matériel, des aménagements, des barrières ou cloisons.

L’expérience de la socialisation

- L’imitation entre enfants

- Des interactions entre tout-petits (le jeu du sommeil dans le groupe des bébés entre deux enfants)

- La négociation entre enfants

- La coopération entre enfants

- Les enjeux de partage des jouets et objets

- « C’est à moi »

L’activité, le jeu

- Du temps pour le jeu spontané

- Des activités accompagnées par les adultes

- Des endroits pour se cacher

- Des déguisements

- Du matériel à disposition des enfants

- Du matériel qu’on a le droit de déplacer, de détourner

- L’activité sensorielle (les bulles la musique…)

À méditer

« Vous dites :

— C’est épuisant de s'occuper des enfants.

Vous avez raison.

Vous ajoutez :

— Parce que nous devons nous mettre à leur niveau. Nous baisser, nous pencher, nous courber, nous rapetisser.

Là, vous vous trompez. Ce n'est pas tant cela qui fatigue le plus, que le fait d'être obligé de nous élever jusqu'à la hauteur de leurs sentiments.

De nous élever, nous étirer, nous mettre sur la pointe des pieds, nous tendre.

Pour ne pas les blesser. »

Janusz KORCZAK, prologue de Quand je redeviendrai petit
Traduction AFJK (révisée en 2007)