A quoi sert l'école ?

Certain.e.s pensaient assister à un match de catch mais le débat était plutôt policé ce mercredi 13 février 2019 entre d'un côté, P. Meirieu,le pédagogue et, de l'autre, A.Coffinier, la militante du "hors contrat" sereinement arc-boutée sur le pragmatisme du désir des familles.
Média secondaire

L’école publique va mal, c’est un fait établi, reconnu et un mal récurrent. Mais est-il incurable ? Deux positions ‘affrontent, diamétralement opposées : primat de l’individu et du collectif ? L’utopiste invétéré vs la pragmatique têtue, fable contemporaine. Aux Ceméa nous penchons du côté de l’aventure au commun. En tout état de cause, une révolution est nécessaire


Cemea

Certain.e.s pensaient assister à un match de catch mais le débat était plutôt policé ce mercredi 13 février 2019 entre d'un côté, le pédagogue très à l'aise dans l' exposé de ses réflexions sur les finalités de l'école et, de l'autre, la militante du "hors contrat" sereinement arc-boutée sur le pragmatisme de la solution immédiate et le désir des familles.

Si les deux orateur.rice.s tombent d'accord sur le fait que l'école publique va mal, ils n'apportent évidemment pas les mêmes réponses pour améliorer la situation : l'un campant sur la nécessité de prendre en compte, dans les écoles du service public, les différences entre élèves comme une richesse pour faire fonctionner l'école; l'autre, prônant l'établissement de "petites républiques ouvertes" qui prendraient chaque enfant dans sa spécificité et auraient la "préoccupation non pas du bien commun mais de l'enfant dans sa singularité".

Quand P. Meirieu parle de "construire du collectif, du commun", A. Coffinier répond : "valoriser les profils créatifs dans une société du vide". On le voit, ce sont deux approches qui s'opposent et sous-tendent des valeurs différentes.

Notamment dans la place accordée aux familles. Pour P. Meirieu, en référence au philosophe Alain, l'éducation implique une rupture avec la famille. "La famille n'instruit pas, il est nécessaire à l'enfant de rencontrer une autre instance que la famille pour son ouverture" dit-il. A. Coffinier est dans une logique complètement opposée puisque les écoles soutenues par la Fondation qu'elle dirige, sont fondées, construites et administrées par les familles.

En fait, nous avons affaire à, d'un côté, un éternel utopiste qui veut croire en l'humain et en sa capacité à construire dans l'intérêt collectif, même dans le contexte d'une société individualiste; de l'autre, on oppose un pragmatisme opportuniste qui propose d'assumer l'entre soi, qui milite pour une variété des institutions scolaires et pour une individualisation totale des apprentissages.

Pour un mouvement d'éducation nouvelle comme les Ceméa, penser les apprentissages déconnectés du vivre ensemble, ségréguer en dehors du service public au nom de l'épanouissement de quelques un.e.s (quel qu'en soit le tri), renforcer l'individualisme dans une société arc-boutée sur des certitudes qui s'affrontent...relève de l'irresponsabilité. Face au contexte politique mondial, au repli sur soi, à la montée des fascismes, il est plus que jamais nécessaire de défendre une école publique qui "garantisse l'avenir au commun" comme le dit P. Meirieu.

Cela passe par une révolution (qui ne semble pas être en marche avec la proposition de "Loi pour l'école de la confiance" actuellement en discussion à l'Assemblée Nationale) au sein même de l'Education Nationale: celle d'une forme scolaire qui sorte de sa rigidité et s'ouvre à des modèles pédagogiques variés, à l'expérimentation en lien avec la recherche.

Cela ne fait jamais qu'un peu plus de 80 ans que les Ceméa défendent cela avec d’autres!

Débat "A quoi sert l'école ?"

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