Direction et bossa nova

Une réflexion sur la fonction de direction
Média secondaire
Cemea

Une guitare commence à jouer quelques notes, qui vont progressivement donner un tempo. Ses accords servent de base aux autres instruments, qui entrent en musique. Un percussionniste va venir marquer les temps forts et affirmer un rythme en donnant des repères encore plus marqués, mais aussi imprimer sa marque par la personnalité de son jeu. Une mélodie et des paroles ajoutent ensuite la chaleur d’une voix et la poésie de mots à ce morceau. Des notes improvisées par une flûte traversière à partir de la mélodie et les intonations d’un chant, viennent enfin donner une couleur particulière et aérienne à ces « Aguas de Março », comme un instantané fugace. La Bossa nova est là.

Il y a parfois des images qui en disent long et matérialisent de manière simple et évidente des idées. Si l’on reprend le récit de l’interprétation de cette Bossa nova en précisant que le guitariste dirige l’école, le percussionniste en a été un élève, la chanteuse y enseigne et la flûtiste est une intervenante, cela donne une métaphore très parlante. La mise en images et en musique d’un fonctionnement et d’une conception de la direction d’une école, où élèves, enseignants et intervenants agissent ensemble.

La guitare donne un tempo et une base d’interprétation en s’appuyant sur une partition. Elle marque un repère régulier, qui donne aux instrumentistes une direction à laquelle pouvoir se référer. Mais une direction, qui permet à chacun de faire valoir sa sensibilité propre, en imaginant, faisant varier, improvisant et s’adaptant en fonction des autres musiciens, mais aussi d’un environnement. On ne joue pas tout à fait de la même manière, dans une salle, en plein air, avec ou sans sonorisation, entre soi ou avec un public…

On devrait pouvoir retrouver cette logique dans la direction d’une école, mais également dans celle d’autres types de structures. Un projet d’école ou un projet de fonctionnement, tels des partitions devraient être portés par la volonté des participants de les faire vivre. La fonction de direction étant de pouvoir en être la référence, en rappelant les objectifs et le cap, mais en prenant en compte les interprètes, qu’ils soient enfants ou adultes, avec leurs sensibilités, leurs compétences et leurs difficultés. Diriger, c’est aussi s’adapter à la réalité d’un milieu et aux possibilités qu’il offre.

Cette métaphore musicale pointe l’importance pour la direction d’une école, de s’appuyer sur la diversité de ceux et celles qui contribuent à cet acte éducatif : la multiplicité des adultes, avec leurs spécificités et leurs réalités, qu’ils soient enseignants, intervenants, parents… et les enfants, qui sont la composante essentielle de de ce projet commun et en marquent le rythme.


Vers l'Education nouvelle (n° 582, avril 2021)