Tranche de vie

Scène de vie quotidienne dans un petit périscolaire. Léo ne respecte pas les règles mais personne ne lui dit rien ; il est comme cela
Média secondaire

C'est un petit périscolaire qui accueille le soir après l’école, une quarantaine d’enfants. Les enfants de primaire jouent dans la petite cour pendant que les enfants de maternelle sont dans la salle à manger avec Anne pour prendre leur goûter. Tous les jours à 16 h 15, on entend la porte de l’entrée qui claque ; c’est Léo qui arrive avec enthousiasme et s’écrit : « Bonjour Anne ! » Direction les toilettes pour se laver les mains. « Ça c’est les toilettes des filles et ça c’est les toilettes des garçons. » Ensuite il récupère le goûter qu’Anne lui prépare tous les jours au même endroit et il mange tranquillement dans la cour. « Bonjour Léo. » « Bonjour Jessica. Jessica, elle a un chien et quatre chats et elle a pas de garage électrique. »

Cemea

 

Après avoir fini son goûter, il va saluer les enfants qu’il connaît puis choisit son espace de jeux, principalement la salle de sport ou la cour. Arrivés dans la salle de sport, les enfants choisissent leurs activités ludiques qui sont généralement la Balle assise, l’Épervier ou le Béret. L’animateur explique les règles avant chaque début de jeu même si les enfants savent y jouer. Si on se fait toucher, on s’assoit. La partie de Balle assise commence et les enfants courent partout et Léo aussi. Au bout de quelques minutes, il se fait toucher. Il crie, rit et les autres enfants lui crient : « Allez, Léo ! touche-moi ! » Il lance la balle et continue de courir. Oui, Léo s’est fait toucher et ne s’assoit pas ; il ne triche pas parce que les autres enfants savent que c’est Léo. On arrive à la fin du temps de jeux à la salle mais avant de partir, on annonce qu’on va jouer à Tomate-Ketchup et Léo tape des mains. On commence à jouer, quelques enfants se font nommer « ketchup ». L’animateur signale que l’on s’arrêtera dans cinq minutes. Rapidement Léo se fait nommer « ketchup », il court et crie. Puis à son tour il nomme les autres et lorsque qu’il dit « ketchup », il n’essaye pas de courir, il se fige et rit en tapant des mains. Les autres enfants savent que Léo adore se faire attraper.
Les enfants reviennent de la salle commune et Léo s’installe au coin construction. Il construit des garages en Kapla©.

« Alors Léo, tu as bien joué à la salle ? »
« Aurélie, elle a un chat et beaucoup d’escaliers. »
Léo pose toujours les mêmes questions aux animateurs :
« Combien tu as de chats ? »
« Et de chiens ? »
« Tu as combien d’escaliers ? »
« Tu as un garage électrique ? »
Et lorsqu’il nous croise et que l’on est trop intrusif, il coupe court en nous récitant nos réponses données il y a quelques mois. Léo grandit, évolue et enrichit son vocabulaire de mois
en mois. Il est différent mais personne n’a besoin d’en savoir plus, il fait partie du groupe. Et même si Léo ne respecte pas les règles comme les autres enfants personne ne dit rien car il est comme cela.


Cet article est issu du Dossier 24 des Cahiers de l'animation Accueillir la différence