Jardin secret au jardin public. L’intime à la rue et le tact professionnel

L’intime est « la part la plus profonde de l’être ». La part qu’on garde pour soi. Mais alors, quel serait cet intime pour les personnes désocialisées vivant à la rue ?
Média secondaire

L’intime serait, selon le dictionnaire Robert, « la part la plus profonde d’un être », la plus intérieure en quelque sorte. Substantifique part de l’être ? Je propose de questionner ici ce que serait cette quintessence chez des personnes très désocialisées de notre société telles que rencontrées avec l’équipe de l’umapp depuis quinze ans. Pour entrer dans le vif de l’affaire, d’abord un détour impératif : après Freud, on peut savoir qu’on n’est effectivement pas maître en notre maison. L’inconscient est en chacun, et ce qui nous pousse à être, nos motivations, lui appartiennent pour une large part. Dans ce sens, l’intime de notre être émanerait en grande partie (pas seulement, mais beaucoup) de ce centre quelque peu obscur. L’intime conscient serait élargi chez l’analysé, qui ne serait plus sans pouvoir approcher les remous de son monde interne chaotique avec ses aspects pulsionnels (envie, violence, haine, toute-puissance…) au service à la fois d’Éros et de Thanatos. L’inconscient freudien serait une composante structurée identiquement pour tout psychisme humain, une donnée universelle ; dans l’inconscient idiosyncrasique de l’homme, quelle que soit son origine, il y aurait toujours les mêmes dimensions pulsionnelles à l’œuvre, les mêmes tendances. L’intime toutefois n’est évidemment pas universel : il dépend de l’histoire de chacun, et chaque sujet est unique. Il est lié à l’identité de chacun, et soutient le sujet en tant qu’être hautement différencié.

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