Pratiques numériques des lycéens : les « fausses informations », comment les accompagner ?
Des résultats issus de l'observatoire des pratiques numériques des jeunes
La lutte contre la « désinformation » est devenue depuis 2015 une obsession des politiques publiques en matière d’éducation aux médias et à l’information. Les rapports se succèdent pour montrer l’ampleur des discours de propagande et leur volonté de déstabilisation en période électorale au niveau européen1. La Commission européenne incite les États à développer l’éducation aux médias et l’esprit critique2. Le ministère de l’éducation nationale, à travers le Clemi et Canopé, enjoint aux enseignants de s’emparer du sujet. Journalistes, associations d’éducation populaire, médias de service public sont sollicités3. Dans le cadre de l’Observatoire des pratiques numériques des adolescents en Normandie4, nous avons réalisé une enquête qualitative en 2018 pour comprendre comment les adolescents repèrent les « fausses informations » qu’ils rencontrent, et quelles stratégies ils développent face à elles. Les résultats présentés ici nous semblent pouvoir orienter des pratiques éducatives et compléter les démarches déjà initiées. Nous cherchons à comprendre comment se construisent leurs stratégies personnelles pour débusquer les « fake news », leur appropriation des grands principes journalistiques de vérification de l’information, et surtout les émotions qu’ils développent face à elles. Les résultats pourraient inciter à maintenir un enseignement de la citoyenneté à propos de l’actualité, au-delà des compétences numériques et de la connaissance des outils du « fact checking ».Nous avions exploré en 2016 et 2017 les pratiques numériques des adolescents de milieu populaire fréquentant des filières professionnelles et technologiques (voir Jehel 2016, Observatoire Cemea 2017). Nous avions pu constater un fort niveau de défiance vis-à-vis de l’information médiatique et un trouble induit par la composition hétérogène des fils d’actualité de leurs comptes de réseaux sociaux. Les entretiens réalisés en juin 2018 se sont focalisés sur la réception des « fausses informations ». Ils ont été conduits par petits groupes de trois à huit adolescents, auprès d’un échantillon composé de 47 élèves de seconde générale et technologique, 20 filles et 27 garçons, dont les parents détiennent des positions professionnelles intermédiaires ou d'employés, selon la classification INSEE. L’échantillon est donc orienté vers les classes moyennes. Or, selon leurs milieux sociaux les adolescents engagent des relations différentes à l’information et aux institutions. Les adolescents rencontrés en 2018 développent un rapport plus confiant aux informations médiatiques que ceux des milieux populaires rencontrés en 2017. Leur appréciation des contenus de désinformation n’en est pas moins ambivalente. Cet article s’appuie essentiellement sur le volet qualitatif de l’Observatoire, mais certaines réponses au questionnaire de l’enquête quantitative réalisée auprès de 6700 adolescents seront convoquées pour le resituer dans un contexte plus large.
L’accès des adolescents à l'information : les RSN en tête pour l’accès et pour la méfiance
Les jeunes lycéens déclarent s’informer à partir de trois types de sources : les réseaux sociaux numériques (RSN), la télévision et les discussions avec leur entourage, parents ou amis. Bien que les plus consultées, les informations présentes sur les RSN sont celles auxquelles ils disent accorder le moins de confiance. On peut en partie expliquer cette ambivalence par la nature des informations échangées, majoritairement ludique, personnelle, voire familiale. Ces plateformes constituent pour les adolescents des espaces de sociabilité qui viennent pour une part fort importante redoubler les liens de la vie quotidienne. Alors qu’on a longtemps pensé le développement des activités numériques comme une démarche d’autonomisation de l’adolescent vis-à-vis de sa famille (Chaulet, 2009), le réseau social Facebook (FB) a été progressivement investi des relations avec les parents, entendus au sens large : 47% des adolescents des filières générales reçoivent des informations de leur famille sur leur fil d’actualité, et plus encore (56%) dans les filières professionnelles (Cemea 2018, voir Figure 1). La première source des contenus est cependant constituée par les « amis », ceux qui tissent des liens forts avec les détenteurs des comptes FB ou des liens faibles, amis d’amis, connaissances plus éloignées, rencontres. L’utilité sociale de ces derniers, en termes d’orientation professionnelle et de découverte de milieux sociaux différents, reste d’ailleurs essentielle (enquête Capacity, M@rsouins, 2018).
Figure 1 Les principales sources d’information sur l’actualité (selon les filières)
7257 répondants, 222 non réponses, CEMEA Normandie 2018.
Figure 2 La confiance dans les différentes sources d''information (selon les filières)
7257 répondants, 224 non réponses, CEMEA Normandie 2018.
La télévision conserve un rôle crucial dans l’information et la vérification de l’information pour les adolescents. Quelle que soit la filière, ce média reste celui qui leur inspire le plus confiance (voir Figure 2). Face au chaos informationnel que représentent les fils d'actualités composés par les réseaux sociaux (Jehel 2016), la mise en récit des événements proposée par la télévision leur offre une construction du sens, des « informations classiques » (Emma), qui semblent plus sûres bien que souvent schématiques voire sensationnalistes.
Le choix des sources et des sujets d'intérêts
L’usage informationnel de la télévision est marqué par le modèle parental et le visionnage partagé en famille. Matt5 dit qu'il s'informe « tous les matins » sur BFM TV : « parce qu’elle est allumée chez moi, mon père se lève et il regarde ça du coup bah… moi je mets la même chaîne ». La communication interpersonnelle avec ses parents est la première source d'information de Pauli qui s'intéresse à « l’actualité dans le monde en général », plus particulièrement « l’Amérique Latine », sur laquelle elle est surtout informée par son père : « souvent c’est nos parents aussi qui nous informent, c’est eux qui se renseignent et c’est eux qui viennent nous dire les infos, nous expliquer ».
Sur les RSN, l’information est en continu. Grégoire dit « j'ai ce qu'il se passe récemment. Donc tout ce qui est dans le journal et qui s'est passé, comme des attaques ou autre » grâce à ses abonnements. Les RSN leur permettent de sélectionner les informations qui les intéressent dans l'actualité. Amandine s’est abonnée aux comptes d'Emmanuel Macron et de François Hollande. Astride s'informe sur l’Irak, ou plus généralement « sur les pays qui sont en guerre contre la religion islamiste ».
Parmi les plateformes consultées, YouTube occupe une place privilégiée. Les jeunes enquêtés s'en servent pour réviser ou préparer des exposés, sur des chaînes d’enseignants ou de vulgarisateurs. Steven dit que dès qu’il a besoin d’une information, ou qu’il se pose une question, « il y a une vidéo sur YouTube, c’est comme ça ». Leur usage de YouTube se rapproche cependant d’un usage télévisuel : de nombreux jeunes visionnent ce qui leur est proposé sur leur compte YouTube sans savoir d’où ça vient. Ils suivent la programmation de l’algorithme de YouTube sans opérer de choix et semblent se soumettre à un flux aléatoire sur lequel ils n’ont pas plus de prise que sur celui de la télévision. Comme le dit Carl: « Je regarde plus les tendances et le fil d’actualité […]. Des fois je laisse la lecture aléatoire et ça part n’importe où ».
Sur Snapchat, « c’est des informations un peu moins sérieuses », dit Astride qui est abonnée à des youtubeurs et autres célébrités qui « informent sur des promotions, [ou ] sur ce qu’ils font dans leur vie. C’est moins intéressant, mais c’est une autre forme d’information ». D’autres consultent les Discovers du Monde, de l’Équipe et de Cosmopolitan. Pauli est abonnée à plusieurs discovers, elle y trouve une information médiatique : « c’est pareil, y’a des images et tout ». Instagram et Facebook sont utilisés différemment, ils y reçoivent des contenus provenant d'autres plateformes, comme Twitter ou YouTube. Pour Steven, il est difficile de s'informer sur Instagram car « y’a pas trop d’écritures. On peut pas s’informer bien ». La dimension principalement visuelle des contenus nuirait selon lui à la compréhension de l’information.
L'information qu'ils retiennent le plus souvent est celle qui fait le « buzz ». La popularité d'un contenu devient alors un des premiers critères de sélection de l'information. Comme sur YouTube, les recommandations influencent largement leur choix de vidéos. Anthony et d'autres utilisent Twitter pour avoir les Top Tweets, et ils peuvent ainsi « vite tomber sur ce qui a fait le buzz ». Or, les jeunes enquêtés n'ont pas pour autant une vision claire de ce que sont les algorithmes et l'influence qu'ils ont sur leurs consommations.
En dehors de cette recherche du « buzz », les jeunes enquêtés se tiennent au courant de sujets qui les intéressent particulièrement. Jade s'informe sur le monde pénitentiaire, un sujet en lien avec son projet professionnel, car elle veut travailler dans la police. Le sport est un secteur très souvent mentionné, qu'ils suivent souvent directement à partir des comptes des sportifs eux-mêmes. La plateforme de YouTube est également consultée pour avoir accès à des contenus culturels, bandes annonces, teasers de clips ou clips complets. Ils y visionnent des contenus de vulgarisation scientifique, notamment ceux qui souhaitent poursuivre en S, à travers de nombreuses chaînes, mais aussi des chaînes consacrées aux jeux vidéo, ainsi que de chaînes de tutoriels pour la vie quotidienne ou le « bien-être ».
La désinformation repérée par les adolescents : plus commerciale que politique
Le champ des « fausses » informations identifiées comme telles par les adolescents englobe à la fois des manipulations intentionnelles de l’information et des erreurs involontaires donnant lieu à de la mésinformation. Les exemples évoqués en premier lieu par les adolescents concernent la vie des clubs sportifs et des personnalités : mariage, grossesse, décès, recrutement ou départ d’un joueur, etc. Les « fausses » informations qui les préoccupent le plus ne sont pas des manipulations de l’information à des fins de propagande, mais des erreurs ou des manipulations de l’information à des fins de « buzz ».
La frontière qu’ils tracent de la désinformation est assez poreuse. Certains ont évoqué des publicités mensongères, c’est-à-dire des messages qui se font passer pour de l’information sur les réseaux sociaux sans déclarer leur caractère publicitaire, des déclarations relatives à la composition des produits (présence ou absence de colorants dans des bonbons) qui s’avéreraient fausses. Plusieurs évoquent aussi des faits de harcèlement et des « informations » fausses sur des filles qui peuvent circuler sur internet ou « dans la cour ». Ces propositions sont en effet assez justes : le champ de la désinformation et des comportements qui les favorisent est très large, leurs auteurs potentiels sur les RSN sont très nombreux. La dimension politique de la désinformation est en revanche très peu présente dans la tête des adolescents.
Certains ont également pensé à des informations relatives à des phénomènes surnaturels : l’un d’eux a vu des vidéos avec des « chiens à tête de rat », Romane a vu des vidéos qui prétendent qu’il existe des robots « plus intelligents que les humains », certains ont visionné des vidéos sur les fantômes ou les sorcières. Les adolescents rencontrés ont souvent été informés des thèses complotistes sur les Illuminati, la terre plate, ou les reptiliens par leur fil d’actualité, par les vidéos recommandées par YouTube qui sont aussi bien des vidéos de propagation que de dénonciation. A les entendre, ces vidéos viennent à eux sans qu’ils ne les cherchent.
Quand on les interroge plus précisément, les adolescents ont également vu passer sur leur fil d’actualité des vidéos contestant les thèses officielles relatives aux attentats : des contestations du 11 septembre qui serait une manipulation du gouvernement américain, plus nombreux sont ceux au courant des thèses contestant l’exploit de Mamadou Gassama et selon lesquelles il aurait sauvé l’enfant tombant du balcon pour avoir des papiers et la nationalité6.
Ils identifient les « fausses » informations principalement par des démentis trouvés sur d’autres médias, les thèses complotistes par les vidéos de dénonciation. Mais ils n’évoquent jamais d’eux-mêmes les grands scandales liés à des formes de propagande politique, que ce soit les manipulations de Facebook par Cambridge Analytica, ou la fausse mort du journaliste russe, Arkadi Babtchenko.
Des stratégies variées face à la désinformation des thèses complotistes : du rejet à la croyance, en passant par l'amusement
Recueillir l’opinion des adolescents sur un sujet qui porte sur des convictions intimes est délicat, tant les échanges peuvent être perçus par eux comme une forme de contrôle de leur pensée. L’enquête, réalisée dans les établissements scolaires, leur a été présentée comme un élément du dispositif d’Éducation aux écrans, dans lequel animateurs Cemea et enseignants leur ont tenu un discours de prévention vis-à-vis de la désinformation. Cela ne peut être sans effet sur la nature des échanges au cours des entretiens. Nous ne pouvons donc considérer la parole des jeunes, tenue dans les entretiens, comme complètement libre et authentique. Elle reste néanmoins significative.
Etant donné la largeur du spectre de la désinformation nous pensions que les adolescents allaient être souvent attirés par l’une ou l’autre des thèses ou l’une ou l’autre des controverses. Nous pensions aussi, en nous appuyant notamment sur les expériences des entretiens de l’an dernier, constater un lien entre l’attraction pour, voire l’adhésion à certaines de ces thèses et un discours de défiance vis-à-vis des institutions. Ce n’est pas exactement ce qui s’est passé dans ce contexte social. Dans le contexte de forte mobilisation autour de ces discours présentés par les institutions comme « subversifs », les adolescents ont manifesté une grande prudence : évitant de paraître ridicules aux yeux de leurs camarades, ou de se retrouver seul à défendre des idées marginales et perçues comme dangereuses, mais évitant de ce fait le débat, qui conduirait à devoir démontrer des assertions qui relèvent plus de la croyance que de la démonstration. Les thèses les plus souvent dénoncées, notamment par Squeezie, sur les reptiliens, les Illuminati, la terre plate, leur paraissent en effet souvent impossibles à défendre en public. Vincent explique :
« Je pense pas qu'ils vont se vanter de dire ‘je crois aux reptiliens’ […] Parce que c'est pas l'avis de tout le monde, du coup ils vont faire des conflits en disant ‘c'est pas vrai’ ou ‘c'est vrai’ ».
Ainsi la dénonciation de ces thèses complotistes peut aussi en contenir la croyance en la rendant plus secrète. Le poids du groupe est décisif sur l’auto-contrôle. Dans la plupart des groupes de notre échantillon, le rejet de ces thèses était majoritaire. La « tyrannie de la majorité » jouait contre la revendication d’une adhésion.
A plusieurs reprises, lorsqu’un adolescent a pris la parole pour exprimer son point de vue à propos d’une thèse complotiste (11 septembre, Illuminati) en défendant la thèse avec plus ou moins de sérieux, d’autres ont pris la parole pour faire de la dérision, ou dire qu’ils ne pensaient pas que ce soit crédible. Dans tous les cas, le premier intervenant a changé très rapidement de point de vue, en disant qu’il ne « sait pas » et s’enfermant rapidement sur une position défensive. Les pressions des groupes ont semblé très fortes et le fait d’être assimilé à un « complotiste » perçu comme une insulte. Pour autant, les points de vue qui se sont exprimés ont été divers. Le rejet de ces thèses n’a pas non plus fait l’unanimité.
Nous avons distingué plusieurs stratégies face à la désinformation : le rejet des thèses complotistes, l’hésitation au nom d’une forme de tolérance vis-à-vis de la diversité des croyances, leur assimilation à une forme de divertissement. Certains ont perçu les dimensions politiques du phénomène, qui ne les conduit pas toujours à leur rejet.
Le rejet des thèses complotistes s’accompagne d’un certain mépris pour ceux qui peuvent y croire. Grégoire n’a jamais rencontré ces thèses sur internet. Quand il les découvre lors de l’entretien (les illuminati, ou le fait que Mark Zuckerberg serait un robot), il a l’impression que ceux qui y croient projettent dans la vie des scénarios de film : « faut qu’ils passent moins de temps à voir des films ». Anthony considère que ceux qui y croient sont des gens « influençables et naïfs », son rejet est net : « pour moi, c’est faux ». Pour Matthieu ceux qui font circuler ces vidéos sont des désœuvrés, et ceux qui les croient « faibles, manipulables, influençables », des personnes que la vie aurait rendues vulnérables.
Certains repèrent la dimension paranoïde de ces thèses. « Ce serait des personnes qui contrôlent le monde à travers Emmanuel Macron, Donald Trump […] ils seraient cachés quelque part sur terre. Ils gouvernent le monde et tout leur profite » (Bruno). Mounir compare les Illuminati avec les sectes, qui s’appuient sur un sentiment paranoïaque, celui qu’« on nous observe, [qu’] on est espionné ».
La plupart néanmoins ont un discours plus modéré, voire hésitant. Les thèses complotistes qui s’appuient souvent sur des indices de réel, dans des constructions argumentatives qui cherchent à induire le doute sur des questions parfois très complexes les laissent souvent dubitatifs et hésitants. La démonstration que ces thèses sont fausses étant très difficile (Bronner2013), une posture de repli a consisté à laisser à chacun sa liberté de choisir d’y croire ou non. Au final, ceux qui « n’y croient pas » comme Emma, comparent leur rejet à une croyance, comme ceux qui « y croient » :
« Moi perso j'y crois pas.[…] On a notre propre croyance, comme dieu je crois. J'y crois pas et c'est mon choix. […] C'est un choix d'y croire si on n’a pas de preuves, on va pas critiquer les autres si ils y croient ».
L’adhésion à ces thèses étant difficile à afficher, sous peine de perdre sa crédibilité, d’autres ont invoqué leur parenté avec une forme de divertissement, ce sont des récits amusants.
Jacques réagit à la thèse des « reptiliens » : « la théorie du complot là ? Bah c'est chaud... ça veut rien dire ça, ça fait rire quoi, mais c'est tout, […] ça n'existe pas. […] ça change rien qu'ils existent ou pas ».
Baptiste est du même avis : « Moi j'y crois pas mais c'est marrant.[…] ça fait des histoires à raconter et tout. C'est… j'en sais rien. C'est une histoire. »
Bruno évoque Sylvain Durif, « je le crois pas, il me fait juste marrer ». Le personnage se présente comme « monarque universel » et « Christ cosmique ». Il aurait même envisagé un temps de se présenter à la présidentielle. Paul et Jeanne dans le même groupe avaient aussi vu ses vidéos sur internet. La curiosité, le caractère farfelu des thèses complotistes, constituent un attrait de ces vidéos. On peut se demander à quel moment ces contenus passent pour certains du statut d’information à celui de divertissement pour d’autres, et réciproquement.
Ils ont construit une réflexion sur l’origine de ce flux de désinformation. Certains font le lien entre adhésion à des thèses complotistes et défiance vis-à-vis du gouvernement. Ainsi pour Florian ceux qui croient en ces thèses sont des personnes qui « n’ont pas super confiance en l’État, enfin en le gouvernement, pour faire une suspicion. Enfin confiance en elles-mêmes pour croire en la vérité, enfin leur vérité à elle. » Pour lui, il y a donc un lien entre la confiance dans les gouvernements et la confiance en soi :
Par exemple que les robots soient les armes des gouvernements. S’ils nous disent pas tout […], si on n’a pas confiance en notre chef d’État, ça établit un doute. Et le doute ça installe tout le reste du truc.[…] Après le gouvernement peut-être cache des choses. »
Le rôle des plateformes et de leurs algorithmes est pressenti par d’autres qui ont observé que la diffusion des vidéos de désinformation est facilitée par le fonctionnement viral de YouTube. Pour Vincent, elles y apparaissent en « top tendance ». La responsabilité des plateformes est envisagée aussi sous l’angle financier. Viktor n’a pas entendu parler du scandale de Cambridge Analytica, mais il pense que les plateformes comme Facebook et les autres « font de l’argent » avec la désinformation. Pauli, dans un autre groupe y est également sensible, pour les plateformes et pour les auteurs de désinformation, « comme c’est un contenu facile, y aura beaucoup de vues et après [l’auteur] va se faire de l’argent ». Ils font également le lien avec la liberté d’expression qui permet à chacun de développer ses idées, quelles qu’elles soient (Pauli). Le fonctionnement des algorithmes par recommandation et le traçage des activités des internautes leur semble parfois utile : pour acheter ou trouver des informations en lien. Vincent comprend pourquoi Naomi ne trouve jamais de vidéo de désinformation, puisqu’elle ne clique pas dessus. Connor apprécie ce fonctionnement : « l’algorithme de YouTube met des trucs qui pourraient nous intéresser avec des vidéos qui sont en rapport ». Il est fort probable que ces éléments de compréhension du fonctionnement des plateformes aient été renforcés ou appropriés grâce aux ateliers du dispositif « Éducation aux écrans ».
Diversité des réactions à la mobilisation vis-à-vis des « fausses informations »
Le paradoxe de la mobilisation autour des « fake news » tient dans l’inéluctable diffusion de ces messages pour les contrer. Ceux qui sont les plus réticents vis-à-vis des thèses complotistes n’en sont pas les plus informés, les plus informés sont souvent fascinés par elles.
Les thèses complotistes s’appuient sur une logique « finaliste » (Bronner 2007). La consommation élevée de vidéos de dénonciation peut favoriser l’adhésion à ces mêmes thèses dans la mesure où elles diffusent un mécanisme de pensée finaliste et systématique, quel que soit le contexte, qui semble rationnel. La logique de l’énigme policière, très présente dans la culture audiovisuelle et cinématographique populaire (mainstream), est aussi de nature finaliste : le détective cherche ceux à qui « profite » le crime, les agents du FBI cherchent les traces des extra-terrestres dans leurs enquêtes criminelles7, les phénomènes paranormaux font partie des techniques qui permettent la révélation de la vérité8, l’usage des technologies étant souvent l’occasion de nourrir des scenarios de manipulation de masse9. C’est aussi une logique qui favorise la méfiance vis-à-vis des thèses officielles10.
Ceux qui s’intéressent à ces thèses, vont en être abreuvés par les algorithmes, ce qui peut ancrer des habitudes de pensée. Connor s’oblige à faire la part des choses, il ne veut pas être soumis à la vérité officielle, parce qu’il pense (à raison) que ceux qui exercent des pouvoirs cachent aussi « des choses ». Il veut « garder son esprit critique […] essayer de voir les deux [versions] essayer de prendre les deux éléments pour se faire son propre avis ». Au final il met sur le même plan des sources d’information qui ne sont pas soumises aux mêmes règles déontologiques, et se retrouve pris dans une forme de doute généralisé : « on a chacun notre réalité, notre vérité sur chaque chose. »
Ceux qui ne s’intéressent pas à ces thèses échappent à leur influence. Naomi, n’en a jamais entendu parler. Sur YouTube, elle regarde plutôt des vidéos de maquillage et de cuisine. Elle a néanmoins vu des vidéos de personnes qui remettaient en cause la version officielle du sauvetage de l’enfant par Mamadou Gassama. Mais elle a été choquée et a rejeté ces points de vue avec assurance.
Cette mobilisation suscite également diverses formes d’anxiété. La désinformation parait pour certains de l’ordre de l’indécidable. Marine se construit une carapace d’indifférence pour s’y habituer : « on le saura jamais, et on va pas s’empêcher de vivre pour ça ». Baptiste s’amuse de la thèse des reptiliens : « Ouais, des reptiliens incrustés dans la race humaine ! » Son énonciation suscite des rires, mais fait aussi surgir le doute. « C'est vraiment une vraie idée, mais c'est faux. Enfin on sait pas si c'est faux… » conclut Jimmy. Ce qui le perturbe, dans un souci de rationalité, c’est le manque de preuve négative.
Si démonter les « preuves » ou « indices » de l’existence des reptiliens est réalisable, prouver qu’ils n’existent pas n’est en effet pas de l’ordre du possible. La mobilisation autour des « fausses informations » produit de ce fait une sorte d’inquiétude diffuse, un sentiment de manipulation générale. Ils n’étaient pas au courant de l’affaire Cambridge Analytica, mais ont le sentiment que « c’est truqué tout ça ». Mais qui est ce « tout ça », les élections, les décisions politiques, le financement des partis (qui est aussi évoqué) ? A force de devoir tenir une posture critique, Bruno dont les jugements sont souvent pertinents, en vient à douter de l’existence des francs-maçons :
C’est indéfinissable, c'est indéfinissable, tellement tout le monde dit quelque chose sur ce que sont les francs-maçons. Certains disent que ça viendrait des templiers, c'est indéfinissable […] pour certains [ils existent], mais moi je pense que non.
Stratégies actuelles de vérification et pistes d'amélioration
Nous souhaitions savoir comment les adolescents, après des séances d’Education aux écrans, dans le contexte de la mobilisation actuelle de l’école vis-à-vis des fake news » procédaient pour discriminer la désinformation. Ils ont évoqué des techniques de vérification, mais surtout le choix de médias qui leur semblent plus sûrs, le rôle de leurs parents, leurs proches. Les plus déterminés, les plus résolus, qu’ils soient au courant ou non des thèses complotistes, ont expliqué en définitive s’appuyer sur eux-mêmes. Ils marquaient ce faisant leur attachement à la construction de démarches autonomes.
Matthieu résume le principe de base : « faut vérifier nos sources ». Pour les questions qu’ils maîtrisent parfois le mieux, celles relatives au sport, la vérification sur les comptes certifiés leur parait un réflexe utile : « en fonction si c’est officiel ou pas, on sait » dit Viktor. Ils ont retenu du module de formation des techniques d’identification des « fausses informations ». Mais elles leur semblent souvent compliquées. Si certains en relativisent la difficulté, car le doute ne concernerait que quelques informations par semaine, le recoupement des sources se réduit parfois à comparer ce qui circule dans différents canaux : vérifier sur Instagram ou sur Twitter ce qui passe sur Snapchat.
Ils sont nombreux à avoir vu les vidéos de Squeezie déconstruisant certaines thèses complotistes. Nous avons proposé à certains groupes d’en revoir une, nous avons également projeté auprès d’autres groupes des extraits d’une vidéo d’Hygiène mentale. A notre surprise, cette dernière a été préférée. Ceux qui ne connaissaient pas la vidéo de Squeezie l’ont appréciée. Ils ont remarqué son effort de neutralité, d’objectivité dans la présentation des thèses complotistes. Ils ont aimé son analyse des images, explicitant leur montage. Mais certains arguments scientifiques ne les ont pas convaincus. D’autres, comme Carl, ont trouvé ces vidéos ennuyeuses, trop longues, répétitives. Il a déclaré avoir arrêté de suivre le youtubeur pour ne plus les recevoir dans ses recommandations.
Marine a apprécié la vidéo d’Hygiène mentale que nous avons diffusée dans le groupe : cela rappelle « ce qu’il faut faire et ne pas faire […] c’est bien pour se mettre à jour ». Viktor apprécie le rythme de la vidéo, « on ne s’ennuie pas », Astride complète : « c’est pas scolaire ». Emma est convaincue par la démarche d’Hygiène mentale qui est allé chercher les sites sources de la désinformation.
L’un des sujets traités par Hygiène mentale, relatif à la mise en cause de soldats britanniques dans les rangs de Daech, a semblé très complexe aux adolescents. La révélation par Hygiène mentale des différents liens entre les vidéos de désinformation suscite chez Martin l’image du téléphone arabe. L’information est déformée à chaque fois qu’elle est reprise. Il propose le terme d’information « tourmentée » qui évoque bien le tourbillon des messages, et le trouble qu’ils suscitent.
Nombreux considèrent la télévision comme une source fiable d’information, plus simple à utiliser. Pour Matt, l’histoire de Gassama est vraie, parce qu’il l’a vue à la télévision. Pour Steven aussi, « c’est passé à la TV ». Derrière cet appui dans la télévision, se trouve une forme de confiance dans le travail des journalistes : « c’est encadré je pense », une photo qui passe à la télévision est « certifiée ». Leur confiance ne s’appuie en l’occurrence pas sur une connaissance du fonctionnement de la production journalistique mais sur une conviction. La concurrence et l’audience large constitueraient des atouts pour la qualité de l’information.
Pour vérifier la qualité de l’information, Carl vérifie « le nom du site », à partir duquel il fait « au feeling. Voir déjà l’orthographe dans leur titre, et si c’est bien écrit ou pas », l’orthographe est pour lui un premier indice de sérieux. Les erreurs de certains journalistes n’entachent pas la préférence pour les médias professionnels. Chacun peut avoir l’expérience d’erreurs journalistiques, notamment dans la presse locale. Naomi dont le père travaille dans des abattoirs sait que la presse peut diffuser des informations erronées, « des fois c’est n’importe quoi », mais cela n’ébranle pas sa confiance dans les institutions ni dans les médias en général.
Les parents conservent un rôle important. Pour Florian, c’est son entourage qui va l’aider à discriminer : « Si beaucoup de personnes y croient aussi. Des personnes en qui on a confiance. Par exemple, ma famille, s’ils en parlent, je pense que je vais plus avoir tendance à y croire. » Les adolescents cherchent à construire leur autonomie de jugement mais elle peut s’étayer sur le discours des parents. Les réponses au questionnaire montrent que selon les milieux sociaux, les discussions avec les parents tiennent une place plus importante dans les lycées GT. Mais dans un même milieu social, tout dépend aussi de la disponibilité des parents à la discussion. Grégoire n’en « parle pas du tout à [s]es parents ». « Je leur raconte de quoi j'ai parlé avec des amis, […] par exemple du dictateur coréen. Je leur dis ce dont on a parlé, […] et après [ma mère] me dit ce qu'elle pense », déclare Nathalie. Certains en revanche craignent d’en parler avec leurs parents et d’essuyer leurs critiques. D'autres vont quand même en parler « vite fait » mais dit Pierre, « on ne donne pas notre point de vue », histoire de tester les parents sans se dévoiler. Un groupe évoquera les discussions avec les frères ou les sœurs aînées comme un autre point de repère.
Devant l’appréhension de la manipulation et de sa généralisation, certains veulent se faire une opinion « par eux-mêmes ». Il s’agit d’une étape indispensable dans la formation de l’esprit critique. Le recours au sentiment profond et personnel peut néanmoins s’avérer vulnérable quand il s’appuie principalement sur des images, qui ne peuvent à elles seules être sources de vérification : « faut le voir de moi-même pour me faire ma propre opinion, pour pas être influencé par les autres ».
Les règles affichées de vérification de l’information s’avèrent au final éloignées de la réalité de la construction des points de vue personnels. La question de la confiance dans les institutions et dans les parents s’avère cruciale. Oubliant l’importance de la qualité des sources, le raisonnement peut se faire alors assez approximatif, reposant sur le contenu de l’information et son degré de gravité ou de crédibilité : « si c’est un attentat, c’est vrai, parce que c’est sérieux », mais si c’est extravagant comme la désinformation sur les voyages dans la lune qui n’auraient pas eu lieu, alors c’est faux.
Conclusion et recommandations
Le contexte de relation à l’information est marqué par une forte insécurité. Alimentée de façon privilégiée par les RSN, et nourrissant un sentiment de méfiance vis-à-vis des informations qu’ils diffusent, la position des adolescents est inconfortable. Elle est entourée d’un halo de doute. La mobilisation autour de la désinformation a donné à celle-ci une chambre d’écho. Les vidéos de déconstruction des thèses complotistes sont aussi un vecteur de diffusion de ces thèses que les adolescents des lycées GT découvrent à travers elles. Les réactions sont diverses. Dans les groupes rencontrés, la norme qui s’impose est celle de la confiance dans les institutions et le rejet des thèses complotistes. L’adhésion à ces thèses est assimilée à un caractère influençable, faible, vulnérable.
Pour autant le positionnement des adolescents est divers. Un grand nombre adoptent des positions de rejet, résolument. Mais la confrontation aux croyances dans les thèses complotistes les positionne dans la « non-croyance ». Les « incrédules résolus » s’appuient sur diverses ressources : les médias professionnels, les conversations avec leurs parents et leur propre conviction personnelle.
Pour certains, les thèses complotistes sont reçues comme des récits, des fictions qui les amusent, les divertissent. Les pressions de groupe importantes qui étaient présentes lors des entretiens nous conduisent à nous questionner à propos des personnes disant regarder ces contenus pour se divertir. Elles pourraient également y voir une certaine valeur informative, et tiendraient ce discours surtout pour se dégager de la stigmatisation attachée à ce type de « croyance ». Les plus grands experts des thèses complotistes manifestent en effet des formes de fascination et sont au final atteints par le doute. A force de fréquenter ces thèses qu’ils trouvent au départ amusantes, tant elles ressemblent à des scénarios de fiction, certaines finissent par ébranler quelques convictions ou à élargir des espaces de doute. Leur compréhension du fonctionnement des plateformes numériques ne suffit pas à les aider à construire de position critique.
Restent deux catégories : les indécis tranquilles, qui acceptent l’idée de ne jamais savoir et sont enclins à tolérer les « croyants » ; et les silencieux. A la différence d’entretiens menés avec des jeunes des milieux plus modestes, notamment l’an dernier, la désinformation n’entache pas leur confiance dans les journalistes.
Sur la base de ces résultats, nous pouvons proposer quelques pistes d’action. La connaissance des règles de la production journalistique peut favoriser une meilleure intériorisation des réflexes de vérification de l’information. Mais il serait utopique de croire que les adolescents peuvent transposer ces règles dans le feu de l’action sur les RSN. Il serait important de rappeler aussi des règles élémentaires de comportement sur les RSN : éviter de partager, de liker, de recommander et même de cliquer sur certaines vidéos. Distinguer les phénomènes de désinformation et de propagande des phénomènes de mésinformation, en mettant à la portée des adolescents les chartes des journalistes et les règles de la déontologie. S’appuyer sur la télévision comme source « fiable » a priori peut exposer à de grandes désillusions et à des retournements vers la défiance, notamment lorsque les médias sont pris dans des phénomènes de mimétisme et d’emballement. Un apprentissage des logiques de circulation de l'information et du fonctionnement interne aux médias pourrait aussi participer à une meilleure lecture des enjeux propres à l'information. De plus, l'information internationale étant toujours plus présentes sur nos écrans, une connaissance plus grande des enjeux liés aux intérêts politiques de certaines puissances à faire circuler des informations provenant de leur territoire et avec leur idéologie irait aussi dans ce sens.
La connaissance des thèses complotistes favorise certainement un climat d’insécurité, mais elle favorise aussi la possibilité pour les adolescents d’identifier ces thèses et d’en voir les analogies. Elle n’est pas non plus la panacée car la connaissance peut nourrir la fascination. Il serait important de développer une conscience des enjeux politiques de la désinformation et des visées de déstabilisation des démocraties. A contrario, la proximité entre certaines thèses et des scénarios pourraient aussi inviter à réfléchir aux représentations politiques de certaines séries ou films.
Face à la diversité des formes de désinformation, peu de solutions semblent suffisantes. Mais l'éducation à l'esprit critique pourrait également permettre de mieux distinguer des registres de vérité : celui de la science, celui des controverses, et celui des croyances. Le rasoir d'Occam11 peut être un outil utile pour faire face au chaos informationnel. Ainsi, former les jeunes sur les différents arguments fallacieux, techniques de manipulation et biais cognitifs les armeraient éventuellement mieux vis-à-vis à ces contenus. Les « éduquer à l’incertitude » paraît également une nécessité (Boullier, 2016).
La connaissance des plateformes numériques est encore balbutiante pour les lycéens rencontrés. Ils ont une certaine perception des enjeux financiers de la viralité de la diffusion des « fake news », mais pas du fonctionnement « affectif » des plateformes. C’est dire de leur instrumentalisation des émotions des usagers à des fins de clics, notamment à travers la mise à disposition des émojis, des boutons « j’aime », des possibilités de partage. Une meilleure compréhension de ces fonctionnements pourrait aussi faire la place des espaces de réflexivité sur les émotions déclenchées par certaines vidéos.
Ne pas aliéner l’EMI à la lutte contre la désinformation est important pour renforcer l’autonomie de pensée. La confiance en soi qui est le meilleur barrage à l’adhésion aux thèses complotistes a besoin de s’ancrer dans des principes clairs et sur un apprentissage du rôle des images dans l’information. Leur place dans la transmission d’une vérité, de leur polysémie, de leur valeur de témoignage, le rôle indispensable de leurs métadonnées, de leurs auteurs, de la confiance qu’on peut leur faire.
Bibliographie
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1 Notamment ceux de l’ISD, partie prenante du programme de Facebook à travers l’Online Civil Courage Initiative, accessibles sur leur site www.isdglobal.org; voir aussi le rapport du Conseil de l'Europe, publié en novembre 2017 « Information disorder : toward an interdisciplinary framework for research and policy making ».
2 « Lutter contre la désinformation en ligne : une approche européenne », Communication du 26 avril 2018.
3 Notamment à travers la production de contenus pédagogiques proposés par des professeurs documentalistes et accessibles sur le site docpourdocs.fr, ou encore ceux réalisés par le CLEMI ou par des associations d’éducation populaire comme les CEMEA ou , qui en plus d'organiser des interventions en milieu scolaire, mettent à disposition sur leurs sites les ressources utilisées. Quant aux médias, en plus des nombreuses rubriques de fact-checking, certains proposent des contenus destinés à éduquer aux médias, comme FranceTV ou Arte.
4 Cet Observatoire est inséré dans le dispositif d’éducation aux écrans financé par la région Normandie, avec l’aide de l’académie de Normandie et mis en place par les CEMEA.
5 Les prénoms sont des pseudos choisis par les adolescents au cours des entretiens pour protéger leur identité.
6 Sénécat Adrien, Le Monde, « Des théories complotistes sur Mamoudou Gassama refont surface », 18 juillet 2018.
7 Tel est l’arc dramaturgique de la série américaine X-Files (214 épisodes, diffusés par différentes chaînes en France de 1994 à 2009, et poursuivie par la Fox en 2015 pour une nouvelle saison).
8 Tel est l’art dramaturgique de la série américaine Medium (130 épisodes, diffusés par différentes chaînes en France de 2006 à 2018).
9 L’arc dramatique de Westworld (2016) ou celui de Black Mirror (série lancée en 2011, rachetée par Netflix, comprend 20 épisodes pour chacune des 5 saisons).
10 Le lien entre défiance institutionnelle et développement des énigmes policières a été mis en évidence par Luc Boltanski (2012) qui montre son lien avec la construction même de la figure de l’État-Nation, détenteur de la représentation de la « réalité ».
11 Cet outil est un principe de raisonnement philosophique également appelé "principe d'économie", ou "principe de parcimonie", selon lequel il faut pour expliquer un phénomène privilégier les conclusions dont l'ensemble des hypothèses utilisées pour y parvenir sont les plus simples et les plus éprouvées.