Dessin gravé

Quand une forme vous tente, dessiner à partir d'une plaque de verre puis, réaliser à la lame, sur du plâtre coulé, un portrait au contour original, suffit pour retrouver l'esprit des graveurs de médailles de la Renaissance
Média secondaire

Il faut une plaque de plâtre de 1,5 à 2 cm d’épaisseur que vous choisirez de format maniable, de 15 à 20 cm de côté environ.
Coulez cette plaque sur du verre pour qu’elle soit plane, dans un coffrage bien d’équerre. L’outil de gravure, un couteau du genre « Opinel », est parfait.

Quel modèle ? Comment dessiner ?

Par un jour de soleil, allez à la rencontre d’un sujet, la plaque d’une main, un crayon de l’autre. Cheminez à travers vos espaces préférés. Quand une forme vous tente, placez derrière elle, votre plaque blanche de façon à ce que le soleil y projette son ombre, reportez le plus fidèlement possible, avec votre crayon le contour de l’ombre sur la plaque de plâtre. Ce contour, une fois captif, installez-vous plus confortablement et dessinez à l’intérieur de la silhouette les lignes qui séparent les surfaces du modèle.
Les points de départs de ces lignes sont repérables sur le contour de l’ombre, observez-les avec soin pour obtenir un dessin juste.
L’outil de gravure est un couteau dont la lame est large, le dos droit, arrondi à la pointe.
Entraînez-vous à graver des sillons, d’un côté en pente douce vertical de l’autre dans une plaque « brouillon », la plaque que vous pensiez blanche est en réalité un néant duquel vous tirez une image à coups de couteau en installant ombres et lumières.
Le sillon ne doit pas rester monotone, vous le modulez en l’élargissant et l’approfondissant, créant des pleins et des déliés d’ombres. Faites des essais de lignes sinueuses et des droites aux changements de directions brutaux.
Etudiez les types de lignes qui expriment le mieux votre modèle.

Cemea

Gravure du dessin

Entaillez vos traits de crayon d’un sillon filiforme pour faire basculer les traits noirs du dessin dans un trait d’ombre.
Gravez les traits en choisissant leur largeur, profondeur, leur enchaînement, rapide ou coulé. L’expression d'un volume proéminent exige une profondeur de taille plus importante que la faible épaisseur des autres traits.
Progressivement apparaît l’image du volume que vous allez amoureusement peaufiner : réfléchissant, évaluant, supputant ce qu’il est judicieux d’ajouter ou de gommer..
Méfiez-vous du « bavardage » avec trop de lignes ! Enfin, polissez les entailles pour que la lumière y circule sans accrocs.
La gravure terminée, vous pouvez en faire un contre moulage, après avoir graissé la plaque, et fait un petit coffrage autour.
Au démoulage, vos entailles dessineront le modèle en relief : magique symétrie !


Réaliser un profil de médaille

Tentez aussi la réalisation d’un « profil de médaille ».
Équipez-vous d’une plaque de verre ou de plastique transparent de 25 x30 cm environ et d’un crayon feutre à l’alcool.
Cherchez un visage qui se prête au jeu.
Posez la vitre sur l’épaule de votre modèle de façon à voir son visage à travers.

Fermez un œil. Avec le crayon feutre, décalquez le profil sur la vitre, la limite des cheveux, le tour de l’oreille, un peu de cou.
Accrochez au profil les lignes qui marquent les limites des volumes du visage : l’arcade sourcilière et non les sourcils, le devant des paupières et du globe oculaire et non les cils, la pommette sous l’œil et derrière le nez jusqu’à l’arrière de la bouche, l’aile du nez, le tour des lèvres.
Marquez nettement la direction de chacune des lignes et l’emplacement à partir duquel elles changent de direction.
Posez la plaque transparente sur une table, le côté dessin en dessous.
Retracez au feutre, le dessin en affirmant vos traits.
Laissez sécher l’encre un moment.
Coulez sur cette image une plaque de plâtre de 2 cm dans un coffrage.
Quand le plâtre a chauffé, démoulez en tenant la plaque transparente à deux mains, plâtre en dessous. Frappez-la contre la table. La plaque se décolle d’un seul coup.
Si tout va bien, vous retrouverez le visage reporté sur la plaque dans le sens où vous l’avez dessiné. C’est déjà beau comme cela !

Taille de la médaille

Prenez à nouveau votre couteau et votre plaque « brouillon ». Toujours avec la lumière venant de côté, creusez des sillons en inclinant le couteau de façon qu’un côté en soit abrupt et l’autre en pente plus ou moins longue, plus ou moins douce, créant des noirs et des gris.
Comme pour la gravure, entaillez plus ou moins vos traits.
Dégagez le fond autour de la tête, en taillant vers elle une pente douce de 2 à 3 cm de large. Vous suggérez ainsi l’espace dans lequel baigne votre modèle.
Vous allez vous livrer au même jeu pour les lignes du visage, indiquant par des plans plus ou moins prononcés.
Comment s’emboîtent les différents volumes ?
Lequel entre sous l’autre au moment de leur rencontre ?
Le volume saillant de la pommette aura une pente abrupte, le nez une pente douce.

Cemea

La règle ainsi posée, voyons son application ! Il y a sur votre modèle un volume le plus en saillie, celui qui est le plus près de vous. Au niveau de l’oreille sans doute ! Vous aurez donc à tailler le long de la frontière entre la chevelure, le front et la mâchoire, une pente douce indiquant que le front, la mâchoire et le cou entrent sous les cheveux, que l’oreille disparaît ou au contraire surplombe la chevelure à certains moments.

Ces indications portant le long des contours des formes, il n’est pas nécessaire de travailler l’intérieur des surfaces.
Vous suggérez ainsi les volumes du visage sans détruire la planéité de la surface de départ, ce qu’ont cherché à faire les sculpteurs pour orner une surface plane.
Suivre les règles du jeu que l’on s’est donné nécessite une progression lente, une réflexion, des repentirs. C’est peu à peu que nous découvrons l’image entrevue. La cohérence
de l’image n’arrive qu’à la suite d’un travail qui met en jeu l’adresse manuelle, l’observation, la sensibilité, mais aussi la réflexion qui utilise nos connaissances, dans
un va et vient constant entre l’objet, le sujet et le matériau.


Le résultat est le témoin de ce que nous sommes et que nous avons parfois peur de montrer tant il est indiscret. Après quelques expériences, en vous retournant vers les œuvres des autres, vous aurez l’œil actif, la pensée éveillée.
Vous éprouverez de l’admiration, de l’indulgence, de l’étonnement, de l’indignation, devant leurs trouvailles, leur intelligence, leur sensibilité, leur verbiage.


Cet article est issu du Dossier 18 L'Activité plastique : sculpture, installation de la revue Les Cahiers de l'animation Vacances-Loisirs