Scientifiques en herbe

Loin des clichés habituellement répandus, vingt-huit enfants,venus pour l’essentiel du Loiret, ont mis à profit quinze jours de vacances en forêt d’Orléans pour se familiariser avec les techniques et les sciences
Média secondaire

Encadrés par une équipe de cinq animateurs des Œuvres universitaires du Loiret, travaillant en collaboration étroite avec les Centres d’entraînement aux méthodes d’éducation active (Ceméa), les enfants, âgés de 8 à 15 ans, se sont partagés entre quatre ateliers : ce qui vole, ce qui flotte, les fusées à eau et le démontage. Directeur de cette colonie de vacances unique en région Centre, Éric Jousset, ancien électronicien reconverti dans l’animation et la formation, explique la philosophie de ce centre de vacances : « On souhaite faire de la culture scientifique, qui a du mal à se développer, une chose simple. Cela s’adresse à des enfants qui, sans avoir de prédispositions particulières, ont envie de bricoler. »

Cemea

À partir d’objets usuels (magnétoscopes, répondeurs téléphoniques, postes de télévision) destinés à la casse et glanés auprès des services après-­vente de grandes surfaces, les enfants de l’atelier démontage se sont intéressés de près à la récupération de pièces détachées. Un exercice auquel Michael, 14 ans, s’est livré de fort bonne grâce. Volontaire, comme tous ses camarades, pour participer à cette colonie, il ne dissimule pas son engouement : « Je suis passionné d’électronique ; chez moi, je passe mon temps à démonter tout ce que je vois », explique-t-il.

 

Une démarche empirique

Un peu plus loin, plusieurs jeunes s’affairent autour de bateaux en construction. L’atelier « ce qui flotte » est en pleine effervescence.
À partir de matériaux simples et peu coûteux (quelques morceaux de polystyrène, des vis, un peu de bois et de métal), les enfants élaborent un modèle réduit. Au moment de passer à la fabrication proprement dite, ils sont confrontés aux difficultés de réalisation. « On travaille sur le lestage, la flottaison, les problèmes de poids. Il y a des lois à comprendre. On met les enfants en situation de recherche et on les aide à trouver des solutions. Cela permet d’acquérir une certaine autonomie dans la réalisation du projet », souligne Éric Jousset. Et c’est bien là l’originalité de ce centre de vacances où les animateurs n’imposent aucune directive. Aux enfants de faire leurs expériences et de comprendre les raisons pour lesquelles leur embarcation présente quelque anomalie

Pour le reste, un moteur de magnétoscope, deux bâtons de glace pour les hélices et beaucoup d’imagination, donneront vie à ces petits bateaux.
La même démarche guide les jeunes stagiaires des deux autres ateliers. Qu’il s’agisse de construire une fusée à eau, à base de bouteilles de sodas en plastique gorgées d’air pulsé, ou de se lancer dans la réalisation de planeurs en polystyrène, à chaque fois, les enfants se seront heurtés à quelques règles élémentaires de physique avant de trouver la solution la plus adaptée. « Notre travail est axé sur des phases de tâtonnement, d’expérimentation et de recherche », précise encore Éric Jousset.

Empruntant aux scientifiques leur démarche empirique, les jeunes des Caillettes auront acquis une certaine humilité à l’égard du monde qui les entoure.
De là à démonter le magnétoscope familial pour en faire une tondeuse à gazon, il n’y a qu’un pas qu’ils franchiront peut-être sous le regard éberlué ou inquiet, selon les cas, de leurs parents...

 

 


Cet article est issu du Dossier 8 des Cahiers de l'animation, Jouer et comprendre