Mémorable, un court métrage de Bruno Collet

Louis, artiste-peintre atteint de la maladie d’Alzheimer ne se souvient plus de sa femme, mais en retombe amoureux.
Média secondaire

Ce court-métrage offre un regard doux et bienveillant sur la maladie d’Alzheimer. Louis, le protagoniste, personne âgée souffrant de cette maladie est aussi un artiste peintre. Il dépeint ici sa propre vision des choses sur ses toiles colorées, c’est un univers nocturne et galactique qui en ressort. Sa maison se retrouve incorporée dans le tableau La Nuit étoilée de Vincent Van Gogh, peut-être le signe avant-coureur d’une dégénérescence ?

Louis vit avec sa femme, Michelle, leur monde semble entrer dans une étrange mutation. Le film suit l’évolution de la maladie, les objets et personnes disparaissent en même temps que ses souvenirs. Le thème de la mémoire est d’ailleurs récurrent chez Bruno Collet, déjà abordé dans son précédent court-métrage, Son Indochine, réalisé en 2012. Le personnage principal se remémore, avec angoisse et nostalgie, ses années de combat durant la guerre d’Indochine. La guerre, elle aussi, fait partie de plusieurs œuvres du réalisateur, présente dans Le jour de gloire, un film sur l’histoire d’un soldat combattant dans les tranchées. Nous la retrouvons, plus subtilement dans Mémorable avec des poissons aux apparences guerrières, ainsi que les membres de la famille de Louis aux visages déformés rappelant les Gueules cassées de la première guerre mondiale.

Cependant, l’humour est de mise, le vieil homme toujours blagueur, semble déjouer la maladie en riant d’elle. Malgré la dégradation des souvenirs de Louis, la vie continue et plus encore, elle prend tout son sens, au moment même où sa mémoire s’évanouit. C’est ainsi que ce film apporte espoir et nostalgie en se donnant un genre comique et dramatique à la fois.

Il ne se souvient plus de sa femme, mais en retombe amoureux. C’est alors qu’on peut se demander si l’amour est plus puissant que la maladie. S’il ne dépend pas d’une habitude mais d’un réel sentiment que même la perte des souvenirs ne peut arrêter, qu’il survit à la maladie.

Bruno Collet s’inspire de l’art pictural de William Utermohlen, lui aussi atteint de la maladie d’Alzheimer pour recréer un univers qui se complète dans ses formes, ses couleurs et ses textures. Il soumet de la matière pour tenter de combler le néant auquel Louis essaie d’échapper.

Dès les premières images de Mémorable, nous survolons une peinture comme un territoire inconnu, nous laissant penser qu’une nouvelle aventure commence. Sur une composition musicale de Nicolas Martin, le son des violons s’accorde afin d’explorer ces derniers souvenirs avant que l’oubli ne vienne les emporter.

Le dossier d'accompagnement

Mémorable, Prix du Jury jeunes et étudiants 2019 du Festival international du film d’éducation