LA MÉDIATHÈQUE ÉDUC’ACTIVE DES CEMÉA

L'eau

L'eau est source de toute vie sur Terre. Eduquer à l'environnement, c'est aussi apprendre à préserver ce milieu du Vivant pour sauvegarder l'équilibre de la planète
Média secondaire

Rien de plus simple et de plus naturel que de puiser sans retenue l’eau au robinet. L’eau, est-ce seulement un problème de robinets et de réservoirs ? Plus de deux milliards d’hommes manquent d’eau potable et la pénurie va croissant.
« L’eau était transparente ainsi qu’aux plus beaux jours » écrivait La Fontaine dans sa fable Le Héron ; deviendrait-elle rare, trouble et chère ? L’eau est essentiellement un milieu de vie, un milieu vivant. L’eau est un bien commun. Elle n’appartient à personne. Elle est indispensable à chacun. Au-delà des règles fixant son usage, chacun est responsable de son utilisation. Partout où elle se trouve, établissons une relation entre nos gestes, nos actions et leurs conséquences.

Enjeux éducatifs

En centre de vacances et de loisirs, l’eau est présente partout : eau potable, eau liée aux activités, eau nécessaire à la vie d’une collectivité. Elle peut et doit être aussi support de sensibilisation, sur le gaspillage pour une modification des comportements, sur sa gestion, sur la nécessité de l’utiliser avec bon sens, sans rigidité excessive ni insouciance dramatique. Cela suppose information, sensibilisation des enfants, des équipes éducatives, mais aussi choix d’équipements les plus adaptés à la vie collective.

Des informations, des faits, des données

Les usages de l’eau

  • Usages domestiques : la consommation varie selon le niveau de vie et augmente avec la facilité procurée par la distribution. Elle est de 150 litres par jour en moyenne. Elle s’élève à 300 litres si l’on prend en compte les besoins collectifs de l’agglomération – entretien des locaux et espaces publics.
  • Activités industrielles : l’eau lave, refroidit, dilue, évacue les déchets...

Pour 1 litre de lait, la laiterie emploie 2 litres d’eau ;
pour fabriquer 1 litre d’essence, il faut 10 litres d’eau ;
pour 1 kg d’acier, il faut 80 litres d’eau ;
pour  une tonne de viande, l’abattoir emploie 25 000 à 35 000 litres d’eau ;
pour 1 kg de papier, il faut 250 litres d’eau ;
pour 1 kg d’aluminium, il faut 1000 litres d’eau ;
pour 1 kg de maïs, il faut 400 litres d’eau ;
pour 1 kg de ciment sec, il faut 30 litres d’eau ;
pour 1 kg de sucre, il faut 100 litres d’eau.

L’irrigation se développe entre 1979 et 1998 et les superficies concernées ont sensiblement doublé. Cette eau n’est pas toute consommée : une partie s’est évaporée. Le reste est rejeté mais usé, dégradé, pollué. Soixante à 70 % de l’eau d’arrosage s’évapore. Un golf de 30 hectares exige l’équivalent de la consommation journalière d’une ville de 3 000 à 5 000 habitants. Pour 300 golfs français, cela correspond aux besoins domestiques d’une ville comme Marseille.

Le cycle de l’eau

C’est l’échange permanent d’eau :

  • Dans l’atmosphère : évaporation, déplacement des masses de vapeur et précipitations ;
  • Sur la terre : à la surface ou, après infiltration, dans le sous-sol ; écoulement, lente migration, «stockage».

L’eau potable
L’eau que nous consommons provient des nappes phréatiques ou des rivières. L’eau naturelle est rarement conforme aux normes de consommation actuelle et aucun produit alimentaire n’est plus surveillé que l’eau – une soixantaine de paramètres physico-chimiques, microbiologiques, substances toxiques ou indésirables sont pris en compte

La pollution
Dans les pays pauvres où la rivière est à la fois ressource et égout, l’eau représente la première cause de maladie et de mortalité. Un milliard d’individus souffrent chaque année d’affections dues directement ou indirectement à l’eau. Trente millions meurent de diarrhée, de typhoïde, de malaria, de choléra. Dans les pays industrialisés, les sources de pollution sont nombreuses et diverses. Des décharges peuvent laisser s’infiltrer des liquides toxiques. L’agriculture industrielle participe à la pollution des eaux : les nitrates (engrais et accumulations de déjections animales) sont facilement entraînés dans le sous-sol.

Agir sur la structure

Le volume annuel des fuites d’eau domestique est estimé à un milliard de m3 pour la France. Imaginons une chasse d’eau qui laisserait s’écouler un litre d’eau en cinq minutes ; en un jour, en un mois... Les joints des robinets que l’on serre trop (on peut apprendre à serrer juste ce qu’il faut) sont écrasés et laissent échapper l’eau mais ils sont faciles à changer.
Le choix des robinets de lavabo collectif demande peut-être attention. Le robinet automatique, s’il corrige l’oubli, est-il vraiment économiseur d’eau ? Que devient dans ce cas l’apprentissage à la responsabilité de l’usager ?
– Il existe des chasses d’eau à la contenance réglable au plus juste des besoins et dont on peut arrêter le débit, à l’inverse du tout ou rien et dont le coût est raisonnable.
– Encore que le choix n’existe guère en ACM, la douche exige moins d’eau que le bain.
– Une eau salie, exempte de produit chimique peut servir à arroser une plante, à rincer une aire de ciment.
– Examiner des factures concernant l’eau : fourniture, taxes d’assainissement, de dépollution, taxe agence de bassin.
– Ne pas jeter de produits toxiques dans le lavabo et, pour la lessive, n’utiliser que la dose nécessaire du produit qui contient encore des phosphates.
– Si, pour les eaux usées, l’installation n’est pas raccordée au tout-à-l’égout, l’entretien régulier des décanteurs limitera la pollution de la zone de réception.
II est utile de conserver un maximum de surfaces garnies d’herbe ou de végétation pour éviter le ruissellement.

 

Agir avec les enfants

L’eau, à quelque endroit qu’on la rencontre est source d’intérêt et peut constituer le fil conducteur de bien des sorties et activités. On peut, à l’aide d’un récipient, mesurer l’économie (ou la perte) d’eau réalisée lorsqu’on se lave les mains selon le débit et le temps d’ouverture du robinet. A deux, c’est plus facile.
– Avec les enfants, relever chaque jour le compteur d’eau et calculer la consommation individuelle moyenne.
– Dans le centre, faire chercher le(s) parcours de l’eau potable à partir de l’arrivée, comme celui des eaux usées jusqu’à leur départ, et au-delà, si possible, l’usine des eaux ou le château d’eau, la station d’épuration.
– Si on a des plantes ou un jardin à arroser, le faire le matin ou le soir pour éviter l’évaporation rapide durant les heures chaudes.

Tous les jeux au bord de l’eau donnent l’occasion de faire mieux comprendre sa place dans un milieu : courant, rives, fond.
– Le ruisseau suscite de multiples projets : les bateaux divers, le port, le barrage et aussi le moulin (éventuellement producteur d’électricité) et encore l’étonnant bac à traille montrent la rivière active. Il est à noter que s’il n’est pas interdit de barrer un petit ruisseau, l’autorisation du propriétaire est nécessaire et l’écoulement ne doit jamais être interrompu. En outre, on s’assurera que le courant de la chute ne risque pas de dégrader le fond.

La pêche, que les enfants aiment à pratiquer, est sauf exception (se renseigner) soumise aux dispositions réglementaires (permis, engins autorisés, taille des prises). Mieux que dans un aquarium, on pourra, pendant quelques jours, observer et nourrir quelques poissons dans la mare grâce à une enceinte en filet.

– Certains se plairont à rêver au bord de l’étang ou dans les marais, sensibles aux odeurs, aux bruits. Mais on peut avoir envie de répertorier les milieux humides des environs, de les comparer, de voir y vivre insectes, batraciens, oiseaux, peut-être partir à la recherche d’indices de présence d’animaux (castor), repérer la diversité des plantes aquatiques (émergentes, flottantes, submergées). On pourra comparer la diversité des espèces dans les zones humides par rapport aux autres zones.

– On peut apprécier la transparence de l’eau : dans une eau claire, un objet blanc est visible jusqu’à un mètre de profondeur. Dans un ruisseau pollué, on ne trouvera pas de gammarres, de larves d’éphémères, de libellules, de phryganes mais plutôt des sangsues et des larves à long «filament» – éristale.

– Les traces d’intervention humaines sont légions : quai, digue, levée d’étang, fossé d’irrigation ou d’assainissement – s’interroger sur leur raison d’être et leurs effets.

– On dispose d’une mare, d’un trou d’eau : pourquoi ne pas les nettoyer, les aménager ? Pourquoi ne pas solliciter une association de protection de la nature dont les conseils seront précieux et lui proposer nos services pour le nettoyage d’un ruisseau ?

- L’eau a inspiré les photographes, les peintres, les musiciens. On observe des reproductions, on écoute des airs l’évoquant : Haendel, Water Music, Beethoven, La Pastorale... Les chansons, pour les petits et pour les grands, sont nombreuses, on peut en apprendre deux ou trois.
– Elle est aussi lieux d’écriture (lavoir, cascade) de dessin, de contes avec les enfants, mais aussi lieux de jeux, d’aventures, d’inventions.

 


Cet article est issu du Dossier 16, Education à l'environnement  de la revue Les Cahiers de l'animation Vacances-Loisirs