Le coin découverte

Le séjour en centre de vacances favorise la découverte de la nature. Observer les animaux, expérimenter un coin découverte, aménager un terrarium et cultiver la curiosité sont autant d'activités d'éveil et d'épanouissement pour les enfants
Média secondaire

Accueillir des enfants en centre de vacances, c’est se fixer des objectifs éducatifs et mesurer les possibilités offertes par le milieu environnant. Ayant pour objectifs de permettre aux enfants de s’approprier le milieu, de pouvoir agir sur celui-ci, d’expérimenter, de tâtonner, de découvrir et de mesurer les effets de son action sur une réalité, l’aménagement d’un coin découverte nous paraissait un moyen intéressant pour réaliser nos intentions. Un coin qui favorise des projets d’activités. qui permette l’agir et la découverte ; un lieu ressource avec des aménagements tels qu’ils permettent de collecter, d’observer, d’expérimenter, de rechercher aussi bien directement sur
le coin qu’en extérieur. Quelles sont les situations qui nous ont montré que le coin découverte avait
un sens, que les enfants avaient pu se les approprier ?

Cemea

Une envie furtive

Stéphanie, peut-être, 11 ans, s’est tout simplement prise d’intérêt pour un lézard. Il lui faudrait une maison, pompeusement un terrarium, pour apprendre à connaître ses mœurs, sa nourriture, sa vie... La première étape était celle de l’accueil de la petite bête. Loin dans l’idée de Stéphanie que ce serait pour faire des études, des recherches, des expérimentations, pour en savoir plus... non, juste parce qu’elle avait envie d’avoir son lézard ! Un terrarium fut aménagé, des livres consultés, des congénères en liberté observés, un papa questionné et qui rappelait qu’il faudrait un endroit porteur d’humidité : il y aurait donc du coton imbibé ! Et le coin découverte prenait sens pour Stéphanie.

Très vite s’est posée la question de l’alimentation : ça mange quoi un lézard ? C’est vrai qu’il ne se nourrit que d’insectes vivants ? Questionnements, expérimentations, aména­gements et découvertes auront permis à Sté­phanie de vivre trois journées intenses au cours desquelles le reste n’a plus trop d’impor­tance. Le lézard libéré, Stéphanie délaissera le coin pour partir vers d’autres activités.

7h 30 - 8 heures, les premiers enfants se lèvent. Ils sont quatre ou cinq à prendre la direction de la salle à manger pour le petit déjeuner. Pour Mathieu et Christophe, 8 ans, le début de la matinée se marque par la pre­mière grande aventure de la journée : la découverte des petites bêtes de la mare situé dans le centre même.

 

Une envie quotidienne

La scène est devenue un véritable rituel au fil des jours. On se retrouve autour de quelques tartines et d’un chocolat chaud et déjà les premiers échanges avec l’animateur : on rediscute de la mue de la libellule aperçue la veille, de la vorace Nèpe « au gros biceps », de la grenouille capturée un peu trop brutale­ment... et déjà, on file mettre ses bottes.
Un petit détour par le coin découverte pour s’assurer que les habitants de l’aquarium sont en bonne santé. Aïe! l’aquarium n’est pas oxygéné, il faudra songer à libérer certaines bêtes ! On prend le matériel (une épuisette, des boîtes pour capturer ou prélever, des loupes) et voilà ce petit monde parti dans la minijungle !
D’abord le temps de l’observation, ramper doucement vers le bord de l’eau pour sur­prendre quelques bestioles, parfois sa respira­tion au passage de la couleuvre qui nage à la
surface... et puis vient le temps de la capture, des allers et retours entre la mare et le coin découverte, le temps aussi de montrer les nouvelles trouvailles aux copains, d’aménager l’aquarium pour accueillir les nouveaux habi­tants.

 

Cemea

Comprendre et s’étonner

Vient le temps de l’identification, du temps pour comprendre et s’étonner : « Tu dis qu’après il se transforme en  insecte qui vole ? » ; « Comment fait-on pour reconnaître si c’est un crapaud ou une grenouille ?» ; « La nèpe, elle a mangé un têtard. » Mais Mathieu et Christophe sont bientôt rejoints par d’autre enfants réveillés plus tard. Ils vont abandonner les marécages et partir vers d’autres aventures. Pour ces deux-là, le coin découverte sera délaissé pour le plus gros de la journée, jusqu’au lendemain matin. Cette dynamique créée autour de la mare ne doit pourtant rien au hasard et encore moins à une curiosité « spontanée et naturelle » des enfants.

Elle se trouve plutôt être le résultat d’une préparation mûrement réfléchie entre l’équipe d’animation et l’équipe de direction. Il a fallu réfléchir à la disposition d’un coin permanent « décou­verte » qui favorise une activité autonome et ouverte chez l’enfant : le situer dans un endroit accessible et lumineux, l’aménager pour qu’il puisse accueillir les différentes trouvailles, l’équiper d’outils d’expérimenta­tion (loupe binoculaire, pince à épiler), de prélèvements (boîtes, poches plastiques), d’identification (choix de livres accessibles) et aussi d’espaces pour les longs séjours (aquariums, vivariums). Nous nous sommes également mis d’accord sur l’importance de l’attitude des animateurs pour impulser ce type d’activités : être le premier à enfiler les bottes et à farfouiller tranquillement dans la mare, à observer et à montrer.

Un intérêt jamais remis en question

Il a fallu éga­lement tenir compte de l’évolution du coin et des intérêts qu’ils suscitaient, dans une démarche ni « intellectualiste », ni « bêtifiante » mais qui pose un cadre évolutif : après le plai­sir éprouvé par la capture, qu’est ce que je propose aux enfants pour susciter d’autres intérêts autour de ce coin.Ces deux exemples illustrent tout l’intérêt de la mise en place d’un coin permanent qui, au-delà des situations d’activités ouvertes et autonomes provoquées, permet aux enfants d’y trouver et d’y vivre des choses très diffé­rentes, dans les contenus et dans le temps. Activités courtes et intenses pour les uns, activités intégrées à la vie quotidienne pour les autres… Ce coin découverte a réellement rempli sa fonction au regard de nos inten­tions éducatives. Bien sûr, nous avons ren­contré des difficultés dans le fonctionnement et l’évolution de ce coin : les petites bêtes étaient parfois problématiques du fait du transport des instruments entre l’extérieur et l’intérieur, l’équipe d’animation a parfois éprouvé des difficultés à exploiter les possibi­lités de ce coin. Mais ces difficultés n’ont jamais remis en question l’intérêt de ce coin au cours des trois semaines au regard des activités qui s’y sont développées. Nous avons en tout cas pu vérifier que la compétence des animateurs en matière d’environnement ne doit pas être une raison qui détermine le choix d’une équipe pour mettre (ou pas) en place ce type d’aménage­ment. Nous avons en revanche consacré une demi-journée avec les animateurs au cours de la préparation du séjour à la découverte du ruisseau et des indices laissés par des ani­maux (empreintes, crottes), l’important n’étant pas de pouvoir nommer les choses mais d’avoir un petit peu de maîtrise pour titiller le curiosité des enfants.

 


Cet article est issu du Dossier 16, Education à l'environnement  de la revue Les Cahiers de l'animation Vacances-Loisirs