LA MÉDIATHÈQUE ÉDUC’ACTIVE DES CEMÉA

Exploration sensorielle

Observer, humer, goûter, toucher les matériaux pour ressentir et percevoir son environnement. Une activité simple à organiser dès le début d’un séjour ou d’un stage, avec peu de matériel. L’occasion aussi de s’ouvrir aux autres puisqu’il est question d’explorer en petit groupe.
Média secondaire

Pratique

Nombre : Par groupe de 3 à 5 enfants ou adultes. 

Matériel : Appareil photo, téléphone portable, boîte vide, feuille quadrillée, crayon, stylo. 

Espace : À la campagne, à proximité du centre de vacances ou d’un lieu de stage. 

Temps : 1 à 2 heures, après la prise de connaissance des consignes. 

Précautions : Habits selon la météo, chaussures et vêtements pour se protéger des « petites bêtes », trousse de secours, gourdes et en-cas.

Une aventure individuelle et collective

Une récolte sensorielle pour ressentir et rapporter un point de vue, un son, une odeur, une matière végétale à goûter, etc. Chaque groupe, muni d’une carte au 1/25 000 des environs du centre de vacances ou du lieu de stage, ira glaner des éléments sensibles. Le groupe pourra chercher un point de vue, repéré sur la carte, mais aussi faire des découvertes à l’improviste, au détour du chemin. Une photo- graphie vient saisir l’instant. La prise de vue peut être individuelle ou associer le groupe. Quel angle ? De quel endroit ? Avec quelle lumière ? Com- ment cadrer ? Autant de contributions à discuter avant de récolter cette impression visuelle. Nombre de matières et d’objets présents dans un espace de nature, et aussi de culture, jouent sur la multiplicité des sens. Il faut se préparer à percevoir l’attraction d’une odeur de terre, d’écorce, d’une graminée...
Mais aussi ne pas oublier les sons, quand, sous un ciel badigeonné d’étoiles, les oreilles paraissent alertées par le moindre gazouillis. En journée, au cours de l’exploration, l’eau, si elle vient d’une source ou au débouché d’un lavoir peut se faire entendre bruissante, calme ou troublée, mêlant alors le regard au son. Un enregistrement d’une trentaine de secondes ajoute du sensible à la collecte.

Un recueil respectueux

On peut recueillir un brin de végétation pour compléter la palette. Parfois un panneau dans les parcs naturels défend de cueillir, un dessin remplacera alors le végétal ou le minéral que l’on rapportera dans une boîte. Là aussi, marquer l’endroit de la récolte, comprendre ce qu’il fait là, s’intéresser à le nommer, le représenter dans sa forme, sa couleur, sa masse (léger ou non), sa dimension (en morceaux ou entier). La prise de notes sur place est préférable lorsqu’il s’agit de restituer l’expérience. Car au retour, même éreinté ou fourbu, il y a encore l’envie d’assembler ces sens (la vue, l’audition, le goût, l’odorat, le toucher) et d’en rendre compte aux autres. 

Une mise en scène, une carte imaginée à partir des points de glanage, une histoire à inventer qui métamorphose l’aventure d’un groupe de quatre ou cinq, sur les chemins.

Géographie universelle

Dans L’Histoire d’un ruisseau (1869), le géographe Élisée Reclus, aussi auteur d’une Nouvelle Géographie universelle en 19 tomes (1875-1894), écrit « l’histoire d’un ruisseau, même de celui qui naît et se perd dans la mousse, est l’histoire de l’infini ». Cette allégorie éclaire l’activité d’exploration sensorielle, qui convoque la découverte et mobilise les facultés de chacun et chacune. Pour ce scientifique, contemplatif et pédagogue singulier, le jeu et l’activité sont étroitement liés. « Le libre amusement, tel est l’un des plus grands éducateurs de l’homme. Ce que nous appelons le jeu et que nous distinguons actuellement avec tant de soin du travail, fut, après la nourriture, la forme la plus ancienne de l’activité des hommes.1 » 


1. Extrait de L'Homme et laTerre (1905-1908). On peut retrouver un choix de ses écrits dans Les Grands Textes, 2014, collection Champs classiques, éd. Flammarion.