Former, une découverte

Encadrer une formation, ce n’est certes pas une mince affaire mais quelles découvertes ! Pour soi avant tout mais aussi pour celles et ceux pour lesquel·les on organise les formations. C’est un statut qu’on s’engage à endosser, pour le meilleur.
Média secondaire

Deux paroles, deux manières d’apprivoiser et de concevoir le rôle de formateur·rice. Un cheminement similaire, mais un regard personnel et sensiblement différent. Deux manières d’aborder la posture. Un positionnement qui donne envie.

Cemea

Formatrice pour l’organisme des Ceméa en Franche-Comté, Cindy nous raconte son parcours professionnel, et explique comment ce métier l’a fait évoluer et lui a permis de prendre confiance en elle et donner confiance aux autres.

Comment es-tu arrivée aux Ceméa et qu’est ce qui t’as amené à devenir formatrice Bafa ?

Je suis arrivée aux Ceméa parce que j’ai fait un Bpjeps (Brevet Professionnel de la Jeunesse, de l’Éducation Populaire et du Sport) loisirs tous publics en 2014. Ensuite, j’ai rapidement embrayé sur un stage Bafa 3 en demi-pension à Besançon. C’est là que j’ai commencé à former aux Ceméa.

Tu as tout de suite commencé par conduire un Bafa 3, est-ce que tu avais déjà fait de la formation avant ?

Non, jamais. J’avais juste déjà été stagiaire dans plusieurs formations en lien avec l’animation.

Quelle place, quel rôle, quelle position pensais-tu avoir, à ce moment-là, vis-à-vis des stagiaires ?

Je me sentais un peu comme une stagiaire-formatrice. Je n’étais pas forcément à l’aise pour faire des discussions toute seule. Je l’avais déjà vécu en tant que stagiaire mais jamais en tant que formatrice. J’ai surtout été en binôme avec un autre formateur pour pouvoir analyser la situation et prendre confiance en moi. L’objectif étant de répondre au mieux aux attentes des stagiaires.

Et aujourd’hui, après deux ans comme formatrice, comment as-tu évolué dans ton positionnement ?

Aujourd’hui je me sens formatrice et non plus stagiaire. À plusieurs reprises j’ai été responsable de stage, même si ce n’est pas forcément quelque chose en plus, j’ai pu aussi voir le coté administratif pour permettre le bon fonctionnement du stage. Aujourd’hui je me sens vraiment formatrice et je n’ai plus peur d’être seule pour mener des temps de formation.

Qu’est ce qui te motive dans l’animation et l’organisation de ces formations en tant que formatrice ?

Ce qui me plais c’est que j’aime former les autres, leur transmettre des valeurs que je partage avec les Ceméa. En plus de ça, moi qui suis initialement animatrice, je trouve beaucoup plus de gratification à travailler avec des adultes qu’avec des enfants. Je trouve ça plus valorisant et je trouve ça aussi plus intéressant.

En parlant d’animation, depuis que tu as commencé à être formatrice, est-ce que tu as continué à travailler dans l’animation ?

Oui, j’ai continué. J’ai été directrice d’un périscolaire.

Est-ce que ta nouvelle position de formatrice a changé tes pratiques d’animatrice ?

Oui, certaines choses ont changé. Pas forcément par rapport aux enfants, pour eux j’ai surtout appris de nouvelles activités, champs et jeux. C’est surtout au niveau de la direction et de la formation d’autres animateurs : j’ai compris le rôle formateur d’un directeur et l’accompagnement d’un stagiaire. Le suivi était plus facile.

Pour terminer, que ce soit en formation ou dans ton rôle de directrice, est-ce qu’il y a un épisode qui t’as marqué, qui est un symbole fort pour toi ?

Le stage qui m’a le plus marqué, c’est le premier stage que j’ai fait avec la directrice territoriale de Franche-Comté qui m’avait invité à rejoindre les Ceméa. À un moment elle m’a dit : « bon ça y est t’es grande, tu peux faire les choses toute seule maintenant ». Elle m’a amené à faire des temps de discussion toute seule, au début j’avais peur et puis comme elle me poussait à le faire parce qu’elle avait confiance en moi, j’ai fini par me dire : « mais si, vas-y, en fait tu le fais tous les jours sans t’en rendre compte ». Et là, j’ai eu un déclic, j’en étais capable et j’ai apprécié ces discussions, elles se sont bien passées et ça m’a donné des ailes. J’ai été encore plus attirée par la formation que par l’animation après ça.

Est-ce qu’il y a quelque chose que tu voudrais rajouter par rapport aux formations ?

Ça m’a changé moi, ça m’a fait me sentir plus importante et plus utile pour la société. Transmettre des choses et se sentir exister pour ce qu’on a envie de défendre.

Cemea

Interview de Téo Lecorre est à la fois formateur BAFA aux Ceméa de Bourgogne-Franche-Comté depuis un an et étudiant en licence de sciences de l’éducation. Il a d'abord commencé par passer le Bafa après un service civique au sein des Ceméa, et a fait une entrée progressive dans le milieu de la formation. Il revient sur l'importance du contact et des échanges, une façon pour lui d'enrichir sa pratique dans l'animation.

Quand tu as commencé à conduire des formations Bafa, quelle place pensais-tu avoir vis à vis des stagiaires et comment te sentais-tu ?

J’étais un peu stressé, en même temps c’est normal. On a quand même une place... je ne dirais pas de modèle... mais quand les stagiaires arrivent, ils ne s’attendent pas à ce que l’on se serve de leur propre connaissance pour les former. On va alors représenter une figure d’autorité, une figure de savoir et c’est vrai qu’au début, je ne savais pas trop comment l’appréhender, comment me positionner vis à vis des stagiaires. Surtout qu’à ma première formation, j’avais 19 ans : il y avait une majorité de stagiaires qui étaient plus vieux que moi. J’ai déjà fait des stages où j’étais le plus jeune de la formation, et je ne savais pas non plus comment me positionner. Petit à petit c’est venu avec le soutien du reste de l’équipe.

Même si ça peut paraître court, tu as eu l’occasion de faire plusieurs formations, est-ce que tu as le sentiment que ton positionnement a évolué ?

Je me sens plus à l’aise qu’avant pour parler aux stagiaires et j’arrive plus facilement à les amener à trouver des réponses par eux-mêmes, à trouver ce qu’ils sont venus chercher. C’est à dire que j’ai moins besoin de les orienter, comme je pouvais le faire avant. J’arrive à être plus directif dans ce que je veux leur faire voir.

Qu’est-ce qui te plait dans la conduite des formations ?

Au tout début, c’était vraiment de la curiosité, j’avais envie de savoir comment se passait la conduite d'une formation. Et comme souvent on aborde des sujets qui m’intéressent énormément, je voulais continuer à explorer ses aspects. Et puis, au fur et à mesure, je me suis rendu compte que le contact avec les stagiaires, c’est quelque chose qui me plaisait beaucoup. C’est assez enrichissant, aussi, au niveau personnel et professionnel d’apprendre à des gens, et c’est quelque chose qui m’apporte énormément. En plus de ça, je me suis rendu compte, au fur et à mesure, que ce contact et ces échanges me permettaient aussi de progresser dans le domaine de l’animation, de l’éducation, etc. et que pendant les formations j’apprenais toujours encore un peu.

Est-ce que ton expérience de formateur a fait changer tes pratiques d’animateur ?

Mes relations avec les animateurs, notamment avec les stagiaires, ont évolué. Quand j’ai été adjoint en séjour de vacances, ça m’a aidé à mieux me positionner pour les aider en stage pratique. Vu qu’on voit comment se passe une formation théorique, c’est assez intéressant de pouvoir reporter ça sur le terrain après avec eux. C’est vrai que c’est pas le cas de tous les stagiaires, mais ça permet en tout cas d’avoir un autre point de vue.

Pour finir est-ce qu’il y a une chose que tu voudrais rajouter pour compléter tes propos ?

Je pense que si je dois rajouter quelque chose, c’est par rapport à l’aspect internat et externat, je trouve qu’un Bafa qui se fait en internat est bien plus complet sur tous les points qu’un Bafa en demi-pension et c’est dommage qu’on en fasse de moins en moins.


Propos recueillis par Igor Nadal, militant et administrateur aux Ceméa Bourgogne Franche-Comté